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 posté par MC Jean Gab1 : 
5 janvier 2014, par Pierre Sérisier
Homeland saison 3 – Business as usual
par Sébastien Célimon

La saison 3 de Homeland s'est conclue il y a quelques semaines, et, à la vision de l'ultime épisode, il n'y a hélas pas lieu d'être satisfait : intrigue abracadabrantesque, personnages contradictoires, caricaturaux ou vidés de leur substance, digressions stériles, twists scénaristiques qui font pschitt...
La diplomatie américaine, la vraie, n'a en outre pas facilité le travail des scénaristes, avec le dialogue nouveau amorcé avec l'Iran, facilité en grande partie par l'arrivée du nouveau président Hassan Rohani et ses manifestes signes d'ouverture. Le scénario se contorsionne pour éviter d'aller à contre-sens de l'Histoire, entraînant d'insupportables atermoiements et des volte-face peu crédibles. La saison 3, malgré quelques soubresauts, a été un beau naufrage.

Alors qu'est-ce qui a merdé finalement dans Homeland ? A vrai dire, presque tout, et l'amorce de cet échec était déjà perceptible lors de l’événement final de la saison 2 : un attentat en ses murs décapite toute la direction de la CIA, plus quelques lampistes, réunis pour célébrer la mémoire du vice-président.
Le roux Brody est le coupable désigné car c'est sa voiture qui a été utilisée pour rapprocher la bombe des bureaux et surtout la vidéo de sa confession originelle (aperçue dans la première saison) est opportunément diffusée dans la foulée. Tout le travail effectué par Carrie pour lui éviter prison à vie ou exécution sommaire lors des deux premières saisons vole ainsi en éclats. Brody devient un fugitif estampillé l'homme le plus recherché au monde. On ne voit pas comment il peut encore s'en sorti
Ne perdons pas de temps : on a raison de ne pas le voir car en réalité, la situation est tellement inextricable qu'il ne peut en effet pas s'en sortir. Dans cette saison, Brody est rendu à l'état de pion, brinquebalé d'une planque à une autre, forcé à redevenir un soldat d'élite, pièce maîtresse d'une opération absurde, authentique virée de pieds nickelés, avec l'humour en moins. A l'issue de péripéties stupides, il remplit sa mission (exécuter le chef des services secrets iranien pour le remplacer par un serpent cruel et imprévisible) et est sacrifié à l'intérêt général, par pendaison, devant une foule excitée
L'histoire voit se succéder les invraisemblances : Carrie se fait passer pour folle (un rôle dans lequel elle excelle) pour que les ennemis de l'Amérique se disent « elle est déçue par la CIA, on va la retourner et avoir des informations de première main ». Devant le dossier psychiatrique épais de la dame, on se demande comment ils peuvent miser un kopeck sur elle.
Mieux : même si elle est rejetée et ostracisée par la CIA, Carrie peut néanmoins se promener dans les nouveaux bureaux et collecter des informations de premier plan. Chapeau ! Le chef des ennemis de l'Amérique est une ancienne connaissance de Saul, Majid Javadi (formidable Shaun Toub, personnage le plus intéressant de la saison) et en un tour de main il est retourné et doit aider à la transition politique en Iran.
De retour à Téhéran, Javadi gravite autour du chef des services secrets (Houshang Touzie, qui impressionne dans toutes ses scènes) mais a quand même besoin d'un Brody pour l'assassiner, et de Carrie Mathison aux alentours en support (oui, elle rentre en Iran sans avoir besoin d'une mission d'infiltration débile, elle). Bref, c'est du beau n'importe quoi.

L'agneau de la CIA
Ce qui agace dans ces opérations, c'est qu'elles sont à l'initiative de personnages dont on louait auparavant l'humanité et l'efficacité, Saul Berenson (Mandy Patinkin, de toute évidence soulagé de partir à la retraite à la fin de la saison) en tête. Tous les ressorts et les coups tordus de cette saison sont le fait de Berenson et de son compère Dar Adal (F. Murray Abraham, juste comme il faut) et il n'y a que Peter Quinn (Rupert Friend, tristement sous-employé) pour s'en rendre compte.
Carrie est trop occupée à vouloir cacher sa grossesse (oh, quel incroyable nouvelle !) et à s'inquiéter sur le sort du père de l'enfant (Brody évidemment !) pour ne pas percevoir que tout ça vire à la farce. L'ambitieux sénateur Lockhart (Tracy Letts, dans le pire rôle), néo-conservateur revigoré, apporte un peu de déconne et d'enjeu politique à tout ce tralala : s'il est élu à la tête de la CIA, fini l'espionnage à la papa, on va voir ce qu'on va voir à coups de drones et de barbouzeries comme au temps béni où l'agence faisait et défaisait les gouvernements au Nicaragua.
Comment cela se termine ? Saul Berenson part à la retraite en héros de l'ombre et retrouve sa femme ; Brody est pendu et semble mort ; le sénateur Lockhart prend la tête de la CIA et devient un agneau (sic) ; Carrie hérite du poste enviable de chef de bureau à Istanbul et s'en réjouit (si jeune, super promotion !) ; Quinn se demande ce qu'il fait là (et il a raison) ; Javadi devient calife à la place du calife.
Et l'Amérique se félicite de la nouvelle donne avec un Iran nouvellement fréquentable. On peut donc attendre avec soulagement la saison 4 (aïe) qui n'aura absolument plus aucun intérêt par rapport à la démarche initiale des créateurs.
Car enfin, si 24 incarnait l'Amérique de Bush, Homeland marquait celle d'Obama, résumait-on. On peut légitimement s'inquiéter de ce que cette dernière nous dit finalement sur l'état de l'espionnage contemporain alors que Barack Obama a encore trois ans à tirer dans son second mandat.
Hélas, en ces affaires comme dans bien d'autres – mauvaises manières de la NSA et dérive créative de producteurs par appât du gain - on ne peut que soupirer, lassé, désabusé et lucide : business as usual...
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