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posté par MC Jean Gab1 : | Le chanteur Leny Escudero est mort à 82 ans
Par Héliot, Armelle | LeFigaro.fr – il y a 32 minutes
DISPARITION - L'épouse de l'interprète de Pour une amourette a annoncé ce vendredi le décès de l'artiste des suites d'une insuffisance respiratoire.
Cheveux longs, tignasse en bataille comme coiffée par le vent, il avait une allure romanesque, Leny Escudero, lorsque la notoriété fondit sur lui en quelques chansons inoubliables. C'était en 1962. Un premier disque chez Bel Air. Il chantait depuis quelques années au gré d'engagements aléatoires, tout en vivant de petits boulots. Un poète, un homme libre qui détonnait, alors que la vague yé-yé allait tout envahir.
Leny Escudero s'est éteint ce vendredi 9 octobre. Né le 5 novembre 1932, à Espinal, en Espagne, il allait avoir 83 ans. Il avait terminé cet été le deuxième tome de son autobiographie. La suite de Ma vie n'a pas commencé, ouvrage paru il y a deux ans (Le Cherche Midi). Il avait intitulé avec malice ce nouveau livre Le Début… la suite… la fin.
On n'a plus idée, aujourd'hui, de la place très particulière qu'il occupa, dès ses débuts, dans la chanson française. Avec Pour une amourette et Ballade à Sylvie, il était devenu célèbre. Un regard profond, un nez légèrement busqué qui donnait beaucoup de caractère à son visage fin, une silhouette d'étudiant famélique. Et une voix. Une voix unique, aux moirures rauques voilées d'on ne sait quelle tristesse. Un sens des textes, très beaux, mélancoliques, un sens des mélodies, entêtantes.
Républicain dans l'âme
On l'entend beaucoup à la radio alors. Il passe dans des émissions de télévision. Il a un peu plus de 30 ans. Il rompt une première fois, dès 1965, en plein succès, pour aller voir le monde. Un grand tour, comme un bon ouvrier aurait fait le tour de France. Il s'arrêtera plus tard en Afrique, pour aider, construire l'avenir d'autres que lui.
Il y a toujours eu de la révolte en lui. Mais ce rebelle est amical aux autres. Il ne cherche en rien à se fabriquer une légende. Il n'est encore qu'un petit enfant lorsque éclate la guerre civile. Ses parents, d'origine gitane pour le père, marrane pour la mère, sont pauvres et analphabètes. Mais cela n'empêche pas la conscience. Ils sont républicains.
Il a 6 ans lorsque ses parents se réfugient en France. Son père est en rétention au camp d'Argelès. Par des chemins âpres, Joachim Leny Escudero va gagner la Mayenne où sa famille s'établira. Il vouait une reconnaissance profonde à ses maîtres, à cette école de la République à laquelle il disait tant devoir, même s'il n'avait jamais vraiment supporté l'autorité.
Très tôt il compose, écrit, chante. À Belleville, où il s'installe au sortir de l'adolescence, il veut être carreleur. Auprès d'un artisan, il apprend son métier mais continue de rêver chanson.
Comme une amourette et Ballade à Sylvie sont suivies de nombreux autres grands succès: À Malypense, Petite Mère, La Grande Farce, etc. Son sens de la mélodie, sa manière d'écrire ses chansons comme de brèves nouvelles, sa voix si particulière, tout séduit un cercle assez large. Un peu comme Léo Ferré à qui il ressemble par l'exigence, l'engagement, la sincérité.
Clairvoyant et généreux
S'il est un auteur-compositeur-interprète aimé, il est aussi un comédien très demandé au cinéma. Dès les années 1960, certains réalisateurs, séduits par sa forte personnalité, lui offrent des rôles. De fait, jusqu'à l'orée des années 2000, on a revu Leny Escudero ici ou là dans des films ou à la télévision.
En 1971, son album Escudero 71 reçoit le grand prix de l'académie Charles-Cros. En 1973, il avait évoqué la guerre d'Espagne dans son album Vivre pour des idées ; en 1977, il s'en était pris aux dictateurs et aux méchants ordinaires dans La Planète des fous.
La vie avait passé. Marié, père de trois enfants dont Julian qui longtemps accompagna son père en concert, il avait eu la joie et la fierté de voir certains de ses petits-enfants composer à leur tour de la musique. Cet homme clairvoyant et généreux, qui avait connu des revers, des traversées du désert, se ressourçait en lisant Franz Kafka, Louis-Ferdinand Céline et les écrivains du jour car il était passionné par l'époque, même s'il aimait vivre à l'écart.
Dans les années 1980-1990, il donnait encore des récitals, partout en France, dans de grandes salles. Et il y avait du monde. On l'avait revu au Bataclan en 1997 alors que son CD de chants révolutionnaires venait d'être publié. Cela lui allait bien, le Bataclan. Il ne changeait pas. Il se tenait bien droit, sans bouger. Seulement les mains, pour dire, appuyer légèrement les mots.
On ne l'oubliait pas. Tel Fabrice Luchini, qui l'avait invité il y a quatre ans sur le plateau de «Vivement dimanche», l'émission de Michel Drucker. Pour parler de mots, de musique, de musique des mots et de grande littérature. |
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