Cette saison, plus que les autres années encore, les blessures auront joué un rôle déterminant dans la course au titre. J’en ai parlé plusieurs fois, mais lorsqu’on regarde le tableau des playoffs, on constate que les équipes les mieux placées sont celles les moins touchées par les blessures.

A l’inverse, celles qui paient un lourd tribut aux pépins divers et variés sont mal en point. On pense bien sûr aux Bulls qui affrontent Miami sans trois titulaires en puissance : Derrick Rose, Kirk Hinrich et Luol Deng. On pense aussi à New York qui a plusieurs joueurs malades, des blessés, et qui vient seulement de retrouver Amare Stoudemire. Et puis, il y a OKC, finaliste 2012, premier de la conférence Ouest, plombé par la blessure au genou de Russell Westbrook, absent pour trois mois.

Pour moi, c’est l’événement majeur de ces trois premières semaines de compétition car il a complètement modifié la donne à l’Ouest. Je ne dis pas que OKC ne serait pas mené 3-1 face à cette remarquable équipe de Memphis, mais c’est frustrant de ne pas pouvoir lutter avec toutes ses armes.

Je rappelle que Westbrook n’avait jamais manqué un match de sa carrière. En NBA, mais aussi au lycée et à l’université. Ce qui signifie que Kevin Durant n’avait jamais joué sans lui depuis quatre ans. Et ça se voit dans la série face à Memphis. Durant se retrouve dans la même position que LeBron James aux Cavs entre 2007 et 2010. Il était le leader et le meilleur marqueur de l’équipe, mais désormais il doit faire plus, et c’est là qu’on se rend compte de l’importance d’avoir un « Lieutenant » de qualité. Car Durant découvre qu’il ne peut pas être moyen. Il ne peut pas avoir de hauts et des bas. Il faut qu’il soit en permanence à 100%. C’est ce qu’a vécu LeBron James à Cleveland, et il s’en est lassé. Il n’en pouvait plus de tenir son équipe à bout de bras. Il n’en pouvait plus de compenser les lacunes de ses coéquipiers. Alors, à un moment, il a choisi de rejoindre Miami pour recevoir les coups de main de Dwyane Wade et Chris Bosh. On connaît la suite…

Pour Durant, je ne dis pas qu’il va quitter le Thunder. Je constate simplement, et lui aussi, que le fantasque Westbrook était (et reste) le coéquipier idoine pour lui ôter de la pression des épaules. Insupportable parfois, Westbrook est le joueur parfait pour prendre les responsabilités de l’attaque lorsque Durant est sur le banc ou a un coup de moins bien. Westbrook absent, on se rend compte aussi combien James Harden était précieux l’an passé en sortie de banc par sa créativité et son talent offensif. Westbrook absent, on s’aperçoit enfin que cette équipe du Thunder ne tient finalement que sur le talent de deux joueurs d’exception. Bien sûr, Kevin Martin est un 6e homme de qualité. Bien sûr, Serge Ibaka est un ailier-fort complet. Mais dans des matches de playoffs, serrés, il faut des garçons, autres que les vedettes, capables de prendre leurs responsabilités en attaque dans les moments chauds. A Golden State, un Jarrett Jack en est capable. A New York, JR Smith aussi. A Memphis, un Mike Conley n’hésitera pas à prendre des gros tirs si la paire Randolph-Gasol est bloquée. A Chicago, il y a un Robinson ou un Belinelli.

Au Thunder, le seul qui pourrait soulager Durant par des tirs importants, c’est… Derek Fisher ! Le pauvre Fisher, auteur d’un gros tir à 3-points en prolongation, mais qui va tirer une balle dans le pied de son équipe en perdant un ballon bête sur une touche.

Pour Durant, la leçon à retenir de ces défaites in extremis et possible élimination en playoffs, c’est qu’il faut absolument impliquer ses coéquipiers dans la saison régulière. Il faut aussi apprendre à lâcher du lest et à s’économiser. Qu’il prenne exemple sur San Antonio où Gregg Popovich gère son effectif en prévision des playoffs. Un Popovich qui n’hésitera pas à titulariser Nando De Colo, ou à créer des systèmes pour des joueurs autres que Tony Parker, Tim Duncan ou Manu Ginobili. C’est comme ça qu’un Danny Green ou un Gary Neal ont appris à prendre des shoots importants. Idem pour un Norris Cole à Miami. Au final, je crois que le Thunder n’était pas préparé à jouer avec une star en moins. Kevin Durant, aussi talentueux soit-il, non plus.