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Cinéma

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SM12
SM12
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Bullet in the head a dit :
SM12 a dit : Il s'est lâché en fin de discours, le Dujardin. "If George Valentin could speak, he would say: oooh putain ! Génial ! Merci !"
Entre parenthèses, j'aimerais un jour comprendre comment ce mot a pu devenir l'injure préférée de la langue française Comme le "Fuck" en anglais. Je pense que ça tient quasi-exclusivement de la sonorité, agréable à prononcer



Pour "putain", je pense en effet que c'est ça. Quand tu accentues bien la première syllabe, ça peut être très soulageant de prononcer cette injure. "Merde", par exemple, ne fera pas le même effet.

Quant à "Fuck", c'est aussi une question de sonorité, mais linguistiquement, c'est presque devenu un mot passe-partout. Aujourd'hui, tu peux discuter avec des anglophones, placer un bon petit "fuck" ci et là dans ta phrase, sans pour autant paraitre vulgaire. "Fuck", c'est aussi le verbe injurieux par excellence qui, associé à des prépositions variées, va te permettre de dire tout un tas de choses différentes: ça va de "fuck up" (quand tu foires quelque chose ou que tu bousilles un projet), à "fuck with" (quand tu cherches quelqu'un), en passant par "fuck about" ou "fuck around" (quand tu paresses ou que tu passes tes journées à glander), sans oublier "fuck over" (quand tu arnaques quelqu'un) ou "fuck off" (quand tu demandes à quelqu'un de se casser, ou que tu veux signifier l'éloignement, le déguerpissement de manière plus brute, plus vulgaire).

Et alors, de la même manière, tu peux l'associer à des pronoms compléments différents: "fuck you" pour demande à quelqu'un d'aller se faire foutre, "fuck me" pour dire "putain", ou "fuck it" quand tu es résigné ou que tu suggères de laisser tomber quelque chose.

Sans oublier la dérivation "fucking", qui peut précéder un adjectif, un nom, voire un verbe, pour intensifier ou dévaloriser. Un mot comme "bloody" par exemple, est moins pratique, et moins agréable à utiliser.

Par conséquent, "fuck" est courant car il est agréable à prononcer, oui, mais aussi car il peut se substituer à d'autres verbes, et qu'on peut le positionner à de nombreux endroits différents, dans la syntaxe anglaise, dans la mesure où il peut précéder de nombreux mots de natures grammaticales différentes.
J'irais même jusqu'à dire que son utilité dans le langage courant ne peut être reniée.

Voilà, pour l'explication ennuyeuse, j'ai pas pu m'empêcher, désolé pour le hors-sujet.
MC Jean Gab1
T'es trop ratal quand tu fais ton rabbin
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Et passer en 9 ans de "Un gars, une fille" à un Oscar… Putain

On va dire que UGUF était indigne de son talent d'acteur.
MC Jean Gab1
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SM12 a dit : Il s'est lâché en fin de discours, le Dujardin. "If George Valentin could speak, he would say: oooh putain ! Génial ! Merci !"


C'était marrant. Mais aussi très con : personne dans la salle n'a dû comprendre Surtout le "Putain"

Entre parenthèses, j'aimerais un jour comprendre comment ce mot a pu devenir l'injure préférée de la langue française Comme le "Fuck" en anglais. Je pense que ça tient quasi-exclusivement de la sonorité, agréable à prononcer
Spurs9
Ace of Spades
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ça risque surtout d'être très tarte
jbtahiti
Stopweb
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En allant sur Allociné, j’ai vu qu’une comédie allait bientôt sortir concernant le monde de la cuisine (avec le mot Chef dans le titre car les gogos adorent), avec dans les rôles principaux Jean Reno et Mickael Youn.

Ça va pas être triste.
Baz
OLYNYK LA POLICE
(Reconnu)
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Petit oubli de la part de Marion de ne pas avoir évoqué l'excellente prestation de Jean Dujardin dans le Bruit des Glaçons (de Betrand Blier, en 2010) aux côté d'Albert Dupontel.
Je trouve personnellement que ce film montre à quel point Dujardin possède un très grand potentiel dans sa gamme d'acting.
MC Jean Gab1
T'es trop ratal quand tu fais ton rabbin
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Un magnifique portrait

Jean Dujardin, un gars dans les étoiles
Portrait | | 27.02.12 | 11h05

C'est l'histoire d'un gars qui ne savait rien faire d'autre. Même son ami Marc Lièvremont, ancien entraîneur du XV de France, doit bien l'admettre, lui qui a déjà fait semblant de lui disputer le ballon sur un terrain de rugby : "Heureusement que Jean a choisi de faire du cinéma..."

Jean Dujardin, le petit dernier d'une famille de quatre frères, dont trois aux prénoms d'apôtres, n'était pas doué pour grand-chose. Freluquet, mutique, nul à l'école, incapable d'écrire sur les lignes comme de lire en continuité, tous les symptômes de la dyspraxie. Au rugby, il valait mieux qu'il coure vite pour ne pas se faire plaquer par ses frères. "Que va-t-on faire de lui ?", s'angoissait sa mère. On l'appelait "Jean de la Lune". Il rêvait. "Je n'étais pas du tout malheureux, précise-t-il avec ce sourire fatal où pointe une canine droite légèrement décalée. J'étais très bien dans mon petit monde. J'observais, je dessinais. A la fin de l'année, j'imitais les profs. La classe riait et j'étais content. Tout ce que je savais faire, c'était jouer."

C'est l'histoire d'un Français on ne peut plus français, né dans les Hauts-de-Seine et enraciné dans les Yvelines, avec un petit vent de sud-ouest. Un nom, Jean Dujardin, comme destiné au patrimoine gaulois. S'appeler Dujardin et grandir à Plaisir : quel programme ! Jean est né d'une mère aimante et effacée, d'un père autoritaire et moustachu. Le père Jacques, rebaptisé en douce "La moustache" par ses quatre fils, un ancien militaire devenu chef d'entreprise dans le bâtiment, rugbyman lui-même, a mis tous ses fils au rugby.

Autant dire que dans cette famille de garçons, français moyens de la bourgeoisie moyenne, élevés dans le sens du devoir, les valeurs de la tradition catholique et un même gros rire jovial, rien ne compte autant que la troisième mi-temps : picoler entre mecs, faire des vannes sur les filles, se chambrer, se marrer, se bagarrer, se taper du coude et chanter Joe Dassin par cœur. Jouer, toujours.

Ce gars-là vient de toucher les étoiles et on ne l'avait pas vu venir. Si français dans son être et si peu français dans son jeu. Le contraire de l'acteur cérébral : intégralement physique, un charisme viril à la Clark Gable, une voix vaguement nasillarde de doubleur de western, un corps qu'on dirait fabriqué pour occuper l'espace et prendre la lumière. Un french lover comme les Américains les aiment, avec le mauvais accent et l'élégance coquine. Dans les talk-shows populaires d'outre-Atlantique, le héros muet de The Artist leur a donné ce qu'ils voulaient: il a joué des claquettes, imité Robert De Niro, fait la moue du chameau. A l'animateur Jay Leno, il a raconté ses séances, enfant, chez un psychologue qui n'avait que quatre doigts à chaque main. "Il me demandait ce qui n'allait pas chez moi. Je lui disais: "Ben moi, ça va..."" Pour l'Oscar, c'était gagné.

Avant qu'il ne devienne muet et en noir et blanc, on ne s'était pas vraiment rendu compte que Jean Dujardin était beau. Il était d'abord le gars d'"Un gars, une fille", avec Alexandra Lamy, chaque jour avant le journal de 20 heures sur France 2, de 1999 à 2003. Il était ce trentenaire normal qui faisait rire à la télé parce qu'on avait le même chez soi pour nous crêper le chignon, égoïste, tendre, jaloux, râleur, lâche, énervant. Il est devenu Brice de Nice (2004), surfeur débile et perdu dans le rêve d'une vague impossible. Puis OSS 117 (2006 et 2009), l'espion idiot, prétentieux, raciste, misogyne, franchouillard et hilarant.

Il est aujourd'hui le-beauf-qui-ne-pense-qu'à-baiser dans Les Infidèles, la désopilante comédie à sketches, intelligemment ironique, qu'il vient de réaliser avec Gilles Lellouche. Dans sa carrière encore courte, Jean Dujardin s'est fait une spécialité des héros stupides. "C'est parce que je suis en terrain connu", lance-t-il, l'œil réjoui. Il ajoute : "Le héros veule, c'est la bible de la comédie. Il a aussi le mérite de rendre le public plus intelligent que le personnage." "Jouer le lâche, c'est être tout près de l'humain", dit Gilles Lellouche.

Nicole Garcia, l'une des premières, l'a sorti de l'ornière. Dans Un balcon sur la mer (2010), on ne rit plus, Nicole Garcia saisit l'acteur dans sa part d'ombre et de drame. "Il y a une mélancolie en lui, explique-t-elle, quelque chose d'obscur qui passe dans son regard, même dans OSS. Il pouvait être le héros romanesque que je cherchais: le gendre parfait qu'une inquiétude fait basculer."

Depuis le "Balcon", Jean Dujardin appelle Nicole Garcia "Mon chef". Peut-être parce qu'il lui doit ses premières larmes. Parce qu'elle a su le mettre à l'os et le faire pleurer, quand le héros du film revient dans la maison de son enfance à Oran. Elle lui disait: "Enlève, enlève encore !". "Je lui ai expliqué l'exil qu'il ne connaissait pas, raconte-t-elle, ce chahut à l'intérieur de soi qui n'est pas du chagrin, le retour de ce qu'on croyait perdu. Jean m'a dit "d'accord". Il s'est assis sur la terrasse, il faisait 40 degrés, il y avait le bruit assourdissant de la ville. Il s'est défait totalement et s'est écroulé en larmes. Il m'a donné ça."

Il l'a donné encore dans Les Infidèles, toujours un peu plus loin. Poussé au bout de sa vulnérabilité par Emmanuelle Bercot dans le sketch central, qui commence dans la grivoiserie et finit dans le tragique d'un couple éprouvé par le jeu de la vérité. Jean Dujardin et Alexandra Lamy, unis dans la vie, jouent à se dire vrai dans le film. La réalisatrice s'est servie de plans volés où il répétait, s'énervait, cherchait. A un moment du film, le personnage frappe le mur et crie de douleur: c'est en fait Jean Dujardin, entre deux prises, malheureux parce qu'il n'y arrive pas.

Le raté de la famille Dujardin n'aurait jamais imaginé en arriver là. Il avait commencé comme serrurier et bricoleur en tout genre dans l'entreprise paternelle. Le père a vite abdiqué. Le petit ne pensait qu'à une chose: jouer la comédie, inventer des sketches. Et parmi les valeurs des Dujardin, il y a celle-ci : "Ce qu'on veut faire, on le fait jusqu'au bout." Les sketches prennent forme : pendant son service militaire, dans les cafés-théâtres, avec sa bande des Nous c nous, Jean Dujardin modèle comme un orfèvre un personnage d'adolescent attardé, fantasme d'une enfance rêveuse et sans tabous, dont la grande occupation est de "casser" (clouer le bec) par une repartie très fine. Du genre: "T'es comme le c cédille dans "surf", t'existes pas… Cassé !"

Brice de Nice est en train de naître. Dujardin et ses compères passent un peu à la télé, chez Patrick Sébastien, Thierry Ardisson ou dans "Graines de star". Les adultes n'y comprennent rien, les ados adorent. Brice de Nice vit sa vie sur Internet. Les fans font le buzz. Les parents se demandent pourquoi leurs enfants passent leur temps à dire "Cassé !", la main comme un couperet, quand ils ont le dernier mot.

La productrice Isabelle Camus, qui l'avait repéré dans l'émission "Graines de star", lui propose de participer au casting d'"Un gars, une fille". "Il était très réticent, raconte-t-elle. Il ne se sentait pas comédien, il avait peur de ne pas être bon." Jean Yanne le remarque dans la série. "Il n'est pas mal, ce mec-là, tu devrais le regarder", dit-il à Annabel Karouby, un temps son agent. De leur côté, les frères producteurs Eric et Nicolas Altmayer, intrigués par l'incompréhensible notoriété de Brice de Nice, entreprennent le film. Puis, dans la foulée, les OSS. Les réalisateurs James Huth et Michel Hazanavicius entrent en scène. Brice et Hubert Bonisseur de La Bath triomphent. L'acteur Dujardin est né.

Jean Dujardin, 40 ans en juin, est un enfant de la télé devenu adulte avec le Web. De cette génération d'acteurs propulsés à la célébrité sans filtre, par un simple "buzz". Ils ne s'empoignent pas sur la politique, ne sont pas hantés par la littérature ni par les films d'auteur comme les cinéphiles de la Nouvelle Vague. "Ils ont en commun une totale décontraction par rapport à l'érudition, au statut des uns et des autres, constate le producteur Alain Attal. Ils n'ont pas honte de citer des comédies "lourdotes" américaines. Chacun participe à tout sur un film, sans frontières entre les métiers."

Rêver, sa fragilité d'enfance, est devenu son ancrage. Le cancre qui avait obtenu à la maternelle le prix de l'observation reste un observateur obstiné. Pour interpréter le héros de Frédéric Beigbeder dans 99 F, de Jan Kounen, il a passé des nuits de fiesta avec son modèle au Montana ou au Mathis bar. "Je le voyais m'espionner, se souvient Frédéric Beigbeder. Il construisait mon personnage. Il allait même beaucoup plus loin car il a une très bonne descente. L'alcool, on a l'impression que ça ne lui fait rien. Je dis respect."

"Je n'ai jamais vu un acteur travailler autant, dit Emmanuelle Bercot. Il propose toujours une version différente. Entre deux prises, il dit son texte en boucle, sur tous les tons. Il refait même les scènes qu'on a fini de tourner, anxieux que ça puisse être mieux." Guillaume Schiffman, directeur de la photo : "Il est tout le temps en recherche, hanté par ses textes. Sur OSS, il travaillait déjà le "Ouaip" de Lucky Luke."

Perfectionniste jusqu'à l'angoisse, Jean Dujardin. Le doute est sa faille, la canine décalée de son sourire presque parfait. La face sombre que l'on peine à trouver chez ce gentleman, bon camarade et drôle à mourir, à qui tout réussit. Mais sa force, dans son ascension fulgurante et quasi inhumaine, c'est de rester un gars normal. James Huth, qui l'a dirigé dans Brice de Nice et Lucky Luke, essaie de comprendre. "A Orly, au pied d'un escalator, il regardait un panneau blanc. Il m'a dit que c'est lui qui l'avait vissé là dans le temps. Son secret est là : il sait d'où il vient et la vérité des choses."

Dans la conversation, entre deux blagues, le nouveau roi d'Hollywood semble parfois rattrapé par une ombre vague. Cet air d'enfant égaré qui le poursuit. Il lâche soudain : "Je crois que je ne suis pas fait pour être connu."

Marion Van Renterghem
MC Jean Gab1
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Beaman
Houston fait peur !!
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ip33 a dit :
jbtahiti a dit : A ceux qui l'ont vu, il est réussi Tree of Life ?
Non. Il y avait pourtant tout ce qu'il fallait : de très bons acteurs, un réal incroyablement doué et un concept assez intéressant. Mais il manque le plus important : un bon film. C'est vraiment nul à chier. Regarde-le quand même, ça reste un film de Malick donc tu sais à peu près où tu mets les pieds. Mais si tu n'es pas "transporté", tu vas te faire chier comme rarement.



C'est exactement ça, j'avais trouvé la ligne rouge très bon, très bien filmé, Tree of life c'est d'un autre calibre.
Beaman
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Bullet in the head a dit : Un mec qui bande pour le jeu du PSG ne peut pas apprécier le cinéma de Malick





Je bande sur le PSG, pas sur leur jeu
jbtahiti
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En parlant d'ennui, j'ai lu que le film Hugo Cabret avait reçu aussi des récompenses cette nuit (décidément la France était à l'honneur). Plat et complètement inutile ce film, ou alors je suis vraiment passé à côté malgré le vernis délicat et la 3D, avec lunettes celle-là.
i33

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Bullet in the head a dit :
ip33 a dit : ça reste un film de Malick donc tu sais à peu près où tu mets les pieds.
Tu es fan toi aussi ?


Pas fan, non. Le seul que j'ai vraiment adoré, c'est la ligne rouge.
Je reconnais malgré tout qu'il est très doué et que tous ses films ont beaucoup de qualités. Après, il faut se laisser emporter, comme tu dis.

Si t'accroches pas, c'est comme Mad Men : tu reconnais que c'est beau, bien joué, etc... Mais tu t'emmerdes.
MC Jean Gab1
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ip33 a dit : Mais si tu n'es pas "transporté", tu vas te faire chier comme rarement.


Même problème pour "Le nouveau monde", un film onirique qui te mettait dans un état second de la première à la dernière seconde… si tu te laissais emporter.
MC Jean Gab1
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ip33 a dit : ça reste un film de Malick donc tu sais à peu près où tu mets les pieds.


Tu es fan toi aussi ?
MC Jean Gab1
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The Artist : un film d'hier… mais pas de demain
27.02.2012 | Todd McCarthy | The Hollywood Reporter // Courrier International

Le 27 février, The Artist a remporté l'oscar du meilleur film. Une première pour un film français. Pour The Hollywood Reporter, bible de l'industrie du spectacle, il ne restera pas dans les mémoires…

Pendant un temps, la cérémonie des Oscars a semblé vouloir défier tous les oracles. Jusqu’à la dernière ligne droite, alors qu’il ne restait plus que quatre grandes récompenses à décerner, The Artist [donné favori] n’avait remporté que deux statuettes, plutôt méritées, pour les costumes et la musique. Puis la sentence est tombée, et The Artist a décroché les oscars de meilleur réalisateur, de meilleur acteur et de meilleur film. Michel Hazanavicius a alors remercié trois fois le regretté Billy Wilder, lauréat de multiples oscars, a priori parce qu’il aurait servi d’inspiration à ce retour sur le cinéma muet, même si Wilder lui-même n’a jamais réalisé de film muet.
Wilder, personnage acerbe, caustique et brillant orateur, aurait-il voté pour The Artist ? Impossible de le dire, évidemment, mais sa vision personnelle d’une autre victime fictive du parlant, Norma Desmond dans Sunset Boulevard, est autrement plus sombre que même les moments les plus pénibles que connaît George Valentin, héros rejeté du muet [dans le film français]. A une exception près peut-être, Wilder n’a jamais rien fait d’aussi léger ou éphémère que The Artist.
Peut-être est-ce parce que, cette année, il n’y avait pas de film particulièrement remarquable, ou alors parce qu’il y avait déjà un favori immensément populaire. Quoi qu’il en soit, le jury a pensé agir au mieux en honorant The Artist. Mais je ne doute pas que d’ici un an à peine, les gens y repenseront et se demanderont : pourquoi ? Un peu comme ils sont aujourd’hui perplexes face à la victoire de Crash, de Miss Daisy et son chauffeur, de Rocky ou d’Oliver ! [comédie musicale de Carol Reed basée sur Oliver Twist, récompensée par cinq oscars en 1968]. Et je crains fort que certains d’entre nous ne mettent déjà l’oscar du meilleur acteur de Jean Dujardin dans le même sac que celui de [l'Italien] Roberto Begnini dans La vie est belle. Autrement dit : comment diable une telle chose a-t-elle pu se produire ?
Si, au-delà de sa nouveauté et de son charme, The Artist a la moindre qualité ou profondeur, c’est en tant que métaphore de la peur du progrès technologique. Le refus de Valentin de changer avec son temps peut aisément être compris comme le malaise de la vieille garde face aux nouvelles façons de faire du cinéma, qu’elle ne comprend pas ou ne veut pas comprendre. Vu à travers ce prisme particulier, il aurait été plus osé d’attribuer l’oscar du meilleur film à Hugo Cabret, de Martin Scorsese, qui en a également empoché cinq. Ne serait-ce que parce que Scorsese, qui, qu’on le veuille ou non, fait bel et bien partie de la vieille garde désormais, a paradoxalement eu recours à toutes sortes de nouvelles (et coûteuses) technologies pour créer son exploration, infiniment plus ambitieuse et complexe, du monde du cinéma muet. Si seulement il avait ramené la durée de son film à deux heures ou moins…
i33

(Dieu vivant du forum)
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jbtahiti a dit : A ceux qui l'ont vu, il est réussi Tree of Life ?


Non.

Il y avait pourtant tout ce qu'il fallait : de très bons acteurs, un réal incroyablement doué et un concept assez intéressant. Mais il manque le plus important : un bon film.

C'est vraiment nul à chier. Regarde-le quand même, ça reste un film de Malick donc tu sais à peu près où tu mets les pieds. Mais si tu n'es pas "transporté", tu vas te faire chier comme rarement.
i33

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Beaman a dit : Certains vont surement crier au génie mais c'est d'un ennui.


Auteur anonymeRépondre – Auteur Anonyme
Beaman a dit : J'ai vu Tree of life au cinéma et j'ai failli m'endormir...


Beaucoup trop contemplatif à mon gout.
Et puis la scène finale m'a passablement ennuyé... surtout pour une trame scénaristique aussi banale.
jbtahiti
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Bullet in the head a dit : Déjà posté, JB.


Ah désolé !

Pour en revenir à la filmographie clairsemée de Terrence Malick, j’avais vu plus jeune son premier long métrage, La Ballade Sauvage avec le tout jeune Martin Sheen et l’excellente Sissi Spacek. Très bon film, road movie sanglant et libertaire dans la veine de Bonnie&Clyde. Déjà présente, la narration en voix off d’un des personnages, que l’on retrouve dans La Ligne Rouge ou Le Nouveau Monde et qui fait la « patte » du maître.

Si je reproche souvent aux réalisateurs l’emploi de la voix off, comme dans les Evadés par exemple, car il alourdi le récit et démontre une certaine paresse dans le procédé narratif, celui qu’en fait Terrence Malick est tout autre car la voix off ne colle pas à l’action, ne comble pas les ellipses, mais enrichi au contraire l'histoire et donne une perception différente de ce que l’on peut voir sur l’écran. L’éclairage devient poétique, la trame philosophique, le film flirt avec l’onirisme en étant pourtant encré dans une réalité tragique et cruelle. Il est sans doute là le vrai cinéma en 3D.
MC Jean Gab1
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Un mec qui bande pour le jeu du PSG ne peut pas apprécier le cinéma de Malick
Beaman
Houston fait peur !!
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Bullet in the head a dit :
jbtahiti a dit : A ceux qui l'ont vu, il est réussi Tree of Life ? J'ai entendu parler d'un Malick plutôt moyen, sachant que les deux précédents m'avaient vraiment plu (mais je ne le considère pas comme le plus grand cinéaste encore vivant par contre).
Pas vu mais "Le nouveau monde", wow Un film d'une beauté et d'une poésie inouïes. Et la scène où Nick Nolte pourrit son sergent (je ne me souviens plus du grade) pendant qu'un tonnerre de feu décime le régiment US dans "La ligne rouge"… Wow aussi Je me demande si ce n'est pas l'une des plus belles scènes de guerre. T'as tout dans cette scène : l'inutilité de la guerre, la vacuité de l'armée, le respect imbécile de la hiérarchie… Enorme, Malick.



J'ai vu Tree of life au cinéma et j'ai failli m'endormir.
La scène de 20 minutes avec les dinausaures

Certains vont surement crier au génie mais c'est d'un ennui.
MC Jean Gab1
T'es trop ratal quand tu fais ton rabbin
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Déjà posté, JB.
jbtahiti
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Claude Berri était lui-même dépressif, d'ailleurs son fils, le frère de TL, s'est effectivement défenestré et était devenu paraplégique avant de se suicider.
MC Jean Gab1
T'es trop ratal quand tu fais ton rabbin
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La première femme de Claude Berri s'est suicidée en se défenestrant.
Son premier fils s'est défenestré…
Paraît qu'il y a une malédiction sur la famille.
Larry
Expert en Pronostics
(Mythe)
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Bullet in the head a dit :
Sam Dalembert a dit : Mouais, dire tout le long de l'article que le jury a choisi la facilité, que ce film est bien mais rien d'exceptionnel, qu'il a été choisi par défaut...etc pour dire à la fin "mais on est quand même bien contents", c'est un peu faux-cul quand même je trouve. Le mec critique mais se félicite quand même de la réussite d'une production française...un peu facile
Je crois que tu as un problème avec la définition de "faux-cul". Le dernier paragraphe est peut-être de trop. Mais tu te focalises uniquement là-dessus alors que ce n'est pas le centre de l'article. Et puis JG ne dit pas que TA est une bouse. Il dit que c'est un film classique, avec un Dujardin "honorable", et il démonte les mécanismes qui ont fait que le film a pu plaire. Il n'a pas écrit que TA est une merde sans nom qui a volé son prix, juste que c'était le film parfait pour séduire le jury mais que ce n'est pas forcément un grand moment de cinéma. Je pense la même chose au sujet de "Titanic", un film conçu pour plaire et qui a le défaut de le montrer ostensiblement.


En lisant j'ai quand même l'impression que la base de son argumentaire c'est qu'il préférait d'autres films, Drive, Tree of Life..., plutôt que The Artist. Des films qui comme tout film et donc The Artist ont été salué ou (vivement) critiqués par bon nombre de spécialistes. Au final il donne un coté "je donne des arguments objectifs et contextuels pour expliquer le succès de The Artist" alors qu'on dirait tout simplement qu'il dit tout ça avant tout pour justifier l’absence de films qu'il a trouvé meilleur et ainsi "relativiser" voire minimiser la qualité de ce film.
Auteur anonymeRépondre – Auteur Anonyme
Du grand Bullet là

Entre l'article de blog complètement à l'ouest (les membres de l'academie ont vu Tree of Life en DVD c'est pour ça qu'il n'a pas l'oscar ) et Malick présenté comme le meilleur cinéaste au monde alors qu'il n'a vraisemblablement vu qu'une partie de sa (petite) filmo...


RIP
(Mythe)
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Bullet in the head a dit : Je n'ai pas fait référence à une personne en particulier. Tu t'es senti visé ?


Espèce de rigolo
MC Jean Gab1
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Sam Dalembert a dit :C'est bien de raconter de la merde tout seul dans ton coin. Si t'as autre chose à dire, n'hésite pas à revenir, ou à expliquer qui a parlé de "génie" ou "d'innovation"


Je n'ai pas fait référence à une personne en particulier. Tu t'es senti visé ?
MC Jean Gab1
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jbtahiti a dit : A ceux qui l'ont vu, il est réussi Tree of Life ? J'ai entendu parler d'un Malick plutôt moyen, sachant que les deux précédents m'avaient vraiment plu (mais je ne le considère pas comme le plus grand cinéaste encore vivant par contre).


Pas vu mais "Le nouveau monde", wow Un film d'une beauté et d'une poésie inouïes.

Et la scène où Nick Nolte pourrit son sergent (je ne me souviens plus du grade) pendant qu'un tonnerre de feu décime le régiment US dans "La ligne rouge"… Wow aussi Je me demande si ce n'est pas l'une des plus belles scènes de guerre. T'as tout dans cette scène : l'inutilité de la guerre, la vacuité de l'armée, le respect imbécile de la hiérarchie… Enorme, Malick.
The Number 9

(Mythe)
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Sam Dalembert a dit : Encore une fois je trouve que c'est très facile de venir dire après que ce film serait une machine à récompenses, et qu'il plairait à coup sûr aux américains...


A partir du moment où Weinstein est entré dans la partie, soit juste apres Cannes, tout le monde parlait de machines à récompense...
MC Jean Gab1
T'es trop ratal quand tu fais ton rabbin
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Sam Dalembert a dit : Mouais, dire tout le long de l'article que le jury a choisi la facilité, que ce film est bien mais rien d'exceptionnel, qu'il a été choisi par défaut...etc pour dire à la fin "mais on est quand même bien contents", c'est un peu faux-cul quand même je trouve. Le mec critique mais se félicite quand même de la réussite d'une production française...un peu facile


Je crois que tu as un problème avec la définition de "faux-cul".
Le dernier paragraphe est peut-être de trop. Mais tu te focalises uniquement là-dessus alors que ce n'est pas le centre de l'article.
Et puis JG ne dit pas que TA est une bouse. Il dit que c'est un film classique, avec un Dujardin "honorable", et il démonte les mécanismes qui ont fait que le film a pu plaire. Il n'a pas écrit que TA est une merde sans nom qui a volé son prix, juste que c'était le film parfait pour séduire le jury mais que ce n'est pas forcément un grand moment de cinéma. Je pense la même chose au sujet de "Titanic", un film conçu pour plaire et qui a le défaut de le montrer ostensiblement.
jbtahiti
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D'après ce que j'ai lu, Wenstein n'est ni un philantrope, ni un ardent défenseur du cinéma français. Il a eu un coup de coeur pour ce film et a fait le pari qu'il plairait à l'académie des Oscars. C'est un carton plein.

A ceux qui l'ont vu, il est réussi Tree of Life ? J'ai entendu parler d'un Malick plutôt moyen, sachant que les deux précédents m'avaient vraiment plu (mais je ne le considère pas comme le plus grand cinéaste encore vivant par contre).

RIP
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jbtahiti a dit : L’article de Bith cristallise l’ensemble des critiques que je pourrais faire au film a priori. Si Weinstein l’a remarqué ce n’est pas par hasard, il a flairé le potentiel du film en tant que machine à récompenses. Et puis comme cela a été écrit plusieurs fois, le film plait aux américains parce qu’il rend avant tout hommage à l’histoire du cinéma américain. Venant d’un pays assez élitiste et traditionnellement condescendant vis-à-vis de leur culture, le message a été reçu 5/5.


Le film au départ était projeté dans...4 cinémas. Dans tous les Etats-Unis. 3 semaines après il était dans même pas 20 salles...

Encore une fois je trouve que c'est très facile de venir dire après que ce film serait une machine à récompenses, et qu'il plairait à coup sûr aux américains...

RIP
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Bullet in the head a dit : Après, c'est clair qu'un inculte va forcément crier au génie à la moindre pseudo-innovation Ça fait penser au gamin de 12 ans qui se branle sur LeBron en pensant que c'est ce que le basket américain a produit de meilleur dans l'histoire


C'est bien de raconter de la merde tout seul dans ton coin. Si t'as autre chose à dire, n'hésite pas à revenir, ou à expliquer qui a parlé de "génie" ou "d'innovation"
jbtahiti
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L’article de Bith cristallise l’ensemble des critiques que je pourrais faire au film a priori. Si Weinstein l’a remarqué ce n’est pas par hasard, il a flairé le potentiel du film en tant que machine à récompenses.

Et puis comme cela a été écrit plusieurs fois, le film plait aux américains parce qu’il rend avant tout hommage à l’histoire du cinéma américain. Venant d’un pays assez élitiste et traditionnellement condescendant vis-à-vis de leur culture, le message a été reçu 5/5.

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Bullet in the head a dit :
Sam Dalembert a dit :L'article est aussi faux-cul que ce qu'il dénonce
On ne dit pas "faux cul", on dit "nuancé"


Mouais, dire tout le long de l'article que le jury a choisi la facilité, que ce film est bien mais rien d'exceptionnel, qu'il a été choisi par défaut...etc pour dire à la fin "mais on est quand même bien contents", c'est un peu faux-cul quand même je trouve. Le mec critique mais se félicite quand même de la réussite d'une production française...un peu facile
MC Jean Gab1
T'es trop ratal quand tu fais ton rabbin
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Après, c'est clair qu'un inculte va forcément crier au génie à la moindre pseudo-innovation Ça fait penser au gamin de 12 ans qui se branle sur LeBron en pensant que c'est ce que le basket américain a produit de meilleur dans l'histoire

RIP
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Bullet in the head a dit :
Sam Dalembert a dit : L'audace ? A moins que Bith vienne nous dire que faire un film muet, en noir et blanc à l'époque du tout numérique-3D-spectacle n'a rien d'audacieux
C'est bien de reprocher à Beaman de venir déverser sa merde sans lire la conversation mais ce serait encore mieux de montrer l'exemple. Il y a 2 heures, j'ai commencé par dire : "Après, passé le choix audacieux (NB et muet), "The Artist" reste pour moi une très petite chose." Et ce n'est pas parce que tu fais du muet NB en 2012 que le résultat est forcément génial, hein…


Oh regardez comme il est sensible Ca serait bien que t'acceptes les vannes gratuites aussi, de temps en temps

Sinon je ne dis pas du tout qu'il est génial parce qu'il est muet et en noir et blanc.
MC Jean Gab1
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Sam Dalembert a dit :L'article est aussi faux-cul que ce qu'il dénonce


On ne dit pas "faux cul", on dit "nuancé"

RIP
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Bullet in the head a dit : c'est de la merde de la merde de la merde [...] Ne boudons pas notre plaisir.



L'article est aussi faux-cul que ce qu'il dénonce
MC Jean Gab1
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Sam Dalembert a dit : L'audace ? A moins que Bith vienne nous dire que faire un film muet, en noir et blanc à l'époque du tout numérique-3D-spectacle n'a rien d'audacieux


C'est bien de reprocher à Beaman de venir déverser sa merde sans lire la conversation mais ce serait encore mieux de montrer l'exemple.

Il y a 2 heures, j'ai commencé par dire : "Après, passé le choix audacieux (NB et muet), "The Artist" reste pour moi une très petite chose."

Et ce n'est pas parce que tu fais du muet NB en 2012 que le résultat est forcément génial, hein…

RIP
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jbtahiti a dit : Alors qu’est-ce qui fait que ce « joli film » soit à ce point plébiscité ?


L'audace ?
A moins que Bith vienne nous dire que faire un film muet, en noir et blanc à l'époque du tout numérique-3D-spectacle n'a rien d'audacieux et qu'il aurait fallu incorporer dans le scénario une histoire où Dujardin joue un pédophile violent qui bat la fille qu'il rencontre qui est elle-même l'organisatrice d'un réseau de trafic d'organes
MC Jean Gab1
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Entièrement d'accord sur Terrence Malick, peut-être le meilleur cinéaste au monde depuis que Kubrick est mort

"The Artist" : dans les vieilles marmites, on fait les meilleures soupes

«Flatttery will get you everywhere». La flatterie mène à tout. C'est ainsi que débute l'article du «New York Times» qui rend compte du palmarès de la cérémonie des Oscars à Los Angeles. C'est parce qu'il flatte habilement Hollywood que «The Artist» a raflé les récompenses américaines les plus convoitées. Le film avait certes déjà été distingué par d'autres jurys étrangers. Mais pour triompher dans la Mecque du cinéma, il fallait séduire les jurés en leur disant tout simplement : «Je vous aime».
«The Artist» a conquis les professionnels américains parce que c'est un film à la gloire d'Hollywood, un hommage aux origines, à l'époque très formatée des studios tout puissants. Ce système est aujourd'hui totalement éclaté. Il y a une trentaine d'années, le cinéma dit «indépendant» (aujourd'hui en déshérence) avait mis en pièces ce fonctionnement confortable dont les jurés des Oscars, attachés à un mythique «âge d'or», ont un certaine nostalgie.
Cette année, 5783 professionnels au total avaient le droit de voter. Chaque corporation vote pour ses homologues (les acteurs pour les acteurs, par exemple). Ce vaste jury est vieillissant : moyenne d'âge de 62 ans. Les hommes sont surreprésentés par rapport aux femmes et les votants issus des minorités (noirs, hispaniques, etc.) sont rares. C'est un panel généralement conservateur sur le plan artistique et esthétique. Il privilégie toujours les films «mainstream» au dépens des œuvres novatrices ou dérangeantes. Certes, «The Artist» sort de l'ordinaire dans la forme (un film muet en noir et blanc) mais son scénario est d'un grand classicisme. En outre, le film évite totalement les sujets qui fâchent : la politique, l'économie, le social. C'est rassurant.
«The Artist» est un film français mais son scénario n'a pratiquement aucune référence à la France. C'est un avantage considérable. Il est entièrement tourné en Californie, avec beaucoup d'acteurs américains ou anglo-saxons et des équipes techniques américaines. Tout cela compte beaucoup car le jury des Oscars est composé de professionnels américains. Ils votent de préférence pour leur pairs. «The Artist» est aussi un film qui ne parle pas, et surtout pas le français. Tout pour plaire. C'est du «made in France» largement délocalisé.
Le film a eu l'immense avantage d'être fortement soutenu par Harvey Weinstein, potentat américain du 7ème art, dont la machine à gagner les Oscars est redoutable. C'est lui qui a organisé l'intense tournée promotionnelle dans les médias américains à laquelle Jean Dujardin s'est si bien prêté. Si Harvey Weinstein avait défendu un autre film, «The Artist» n'aurait eu que des miettes et n'aurait sans doute pas été sélectionné. Car la grosse artillerie Weinstein fonctionne dès les premiers stades de la compétition.
«The Artist» est un bon film, largement au dessus du niveau moyen de la production française. Il tranche sur le tout venant tricolore : comédies navrantes, tourments des bobos, histoires policières vaseuses. Mais est-il pour autant le meilleur film de l'année dans le monde ? On peut vraiment se poser la question.
Les compétitions organisées au Royaune Uni, en Espagne et en France ont choisi sans hésiter «The Artist». Il n'y avait sans doute pas, dans la production européenne, un film plus rassembleur.
Du côté des Etats-Unis, les récompenses accordées à «The Artist» par les Golden Globes et les Oscars démontrent davantage le recul quantitatif et qualitatif de la production américaine. On peux dire que «The Artist» a été couronné par défaut.
La crise frappe le cinéma outre-atlantique. On y tourne moins de films, la fréquentation des salles a subi une forte chute. Les recettes sont au plus bas depuis 1995. La production américaine est beaucoup moins audacieuse et diversifiée que par le passé. Ce qui permet encore à cette industrie de fonctionner, ce sont les films d'action ou les comédies potaches pour adolescents. Ces produits standardisés ont vocation à être distribués sans difficulté dans le monde entier. Business is business. Il y a forcément un nivellement par le bas. Hollywood use jusqu'à la corde les vieilles recettes : les remakes et les suites («Ghost Rider 2», «Voyage au centre de la terre 2 », etc.)
Il reste peu de place, peu d'argent et peu de spectateurs pour des films plus exigeants ou plus originaux. C'est ainsi que «Tree of Life» (Palme d'Or à Cannes en 2011) de Terrence Malick a fait un flop au box-office américain. C'est un film magnifique mais difficile d'accès. Le travail de Malick (nominé cette année dans la catégorie des réalisateurs aux Oscars) est exceptionnel, comme pour chacun de ses films. Les Oscars ont préféré récompenser le Français Michel Hazanavicius (réalisateur de «The Artist»). Malick est pourtant un auteur majeur dont l'inventivité et le talent sont bien supérieurs à ceux du Français. Mais Malick n'entre pas dans le moule des Oscars. Et comment juger la splendeur picturale de «Tree of life» en regardant un DVD sur un écran de télé ? Les jurés des Oscars ne vont pratiquement plus au cinéma. En majorité, ils jugent les films en les voyant chez eux grâce aux DVD distribués par les organisateurs. Cela change totalement la perception.
On peut aussi regretter l'absence dans la compétition de «Drive», le remarquable film américain du danois Nicolas Winding Refn. Un marketing idiot a présenté ce film comme une énième course poursuite de bagnoles dans Los Angeles. C'est en réalité une œuvre complexe, très lente et perturbante. L'acteur principal, Ryan Gosling, propose une interprétation intériorisée, glaciale et quasi mutique. Le film n'a pas été sélectionné par les Oscars. C'est un oubli regrettable.
Dernier exemple : «The Descendants» d'Alexander Payne, avec George Clooney. Le film a connu un certain succès aux Etats-Unis. C'est un film accessible, l'un des rares de la compétition à se situer dans l'époque contemporaine, pas dans une époque révolue. Mais c'est une histoire décalée : le portrait d'une famille déboussolée dans le décor faussement paradisiaque d'Hawaï. Clooney est à contre-emploi : il joue un mari trompé qui perd ses certitudes. Il livre sans doute la meilleure performance de sa déjà longue carrière. Mais les Oscars lui ont préféré Jean Dujardin, tout à fait honorable, mais qui défend un rôle plus facile et, surtout, plus positif. L'Académie du cinéma américain redoute les prises de tête. Si Clooney avait été l'acteur principal de «The Artist» (on peut l'imaginer sans peine), il aurait décroché l'Oscar.
Ce sont ces éléments qu'il faut prendre en compte pour évaluer les 5 Oscars de «The Artist». Ne boudons pas notre plaisir. Réjouissons-nous de la reconnaissance internationale accordée à une production française. Ce n'est pas si fréquent. Mais cette année, plus encore que l'habitude, les jurés pantouflards des Oscars ont choisi la sécurité et se sont tournés vers le passé. Old is gold.
J. Godefroy
jbtahiti
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Merde alors, je viens de regarder ce que Bith a posté au sujet des récompenses glanées par The Artist, et c’est très impressionnant. D’après les échos, je ne pense pas avoir à faire au film de la décennie, et pourtant quand on constate le nombre de distinctions que le film collectionne, j’en arrive à me demander si je ne vais pas prendre la claque de l’année ! Pas besoin de me répondre, je sais que cela ne sera pas le cas. Alors qu’est-ce qui fait que ce « joli film » soit à ce point plébiscité ?

Ce qui est assez épatant pour l’équipe, c’est que le compte de fée semble parfait. Bérénice Béjo qui pouvait par exemple prendre ombrage du déferlement sans précédent de louanges adressées à Dujardin, a même gagné le César que convoitait son partenaire !
MC Jean Gab1
T'es trop ratal quand tu fais ton rabbin
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Claude Berri était un vrai visionnaire.
Le fils, euh…
jbtahiti
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(Légende)
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Pas vu The Artist, donc je ne vais pas faire de commentaire concernant sa pluie de récompenses diverses et variées, mais je suis Bith dans sa perplexité concernant le personnage Thomas Langmann. Ce type a les dents qui rayent la parquet, après tout il en faut et hollywood en est rempli, mais à chaque fois que je le vois parler de ses productions, j’ai l’impression de voir un type qui a tout fait pour devenir le parrain du cinéma français en lieu et place de son père. Je ne sais pas s’il y arrivera un jour, compte tenus des démons qui l’habitent, mais j’ai toujours pensé que le costume taillait trop large pour lui.
AiR1
Golden State of Mind
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belle infographie bith
The Number 9

(Mythe)
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Tu confonds Langman et Weinstein la non?
l'arrogant duca

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Bullet in the head a dit : Content pour Dujardin (quel parcours !) et pour le cinéma français. Triste pour Clooney et Pitt. Après, passé le choix audacieux (NB et muet), "The Artist" reste pour moi une très petite chose. Et je n'ai pas compris… Le réal explique qu'il a eu toutes les peines du monde à trouver un producteur. Et finalement, il s'est fait produire par le mec le plus incontournable. Donc, je ne comprends vraiment pas. A priori, "c'est difficile, personne n'en veut" => tu te fais produire par un inconnu… Et ça me fout bien les boules que Thomas Langmann (fils de Claude Berri) triomphe, justement. Petit rappel des faits via Wiki : - En 2005, Thomas Langmann, agresse François Samuelson, l'agent de Benoit Magimel, acteur qui s'était désisté au dernier moment pour incarner le rôle de Jacques Mesrine dans le film du même nom qu'il produit. Finalement, Vincent Cassel récupère le rôle et le producteur est condamné à verser un euro de dommages-intérêts à M. Samuelson et payer 2.000 euros au titre des frais de justice. - En juin 2008, il est condamné à quatre mois de prison avec sursis pour voies de faits sur sa compagne. Thomas Langmann a plaidé pour sa défense souffrir d'un problème de dépendance à la drogue, et avoir agi sous l'emprise de stupéfiants3. - Lors du tournage du film Astérix aux Jeux olympiques, Thomas Langmann a fait appel à une société d'escort girls chargée d'envoyer douze prostituées (dont au moins une mineure) et 25 grammes d'héroïne sur les plateaux du tournage. La directrice de la société d'escort girl a par la suite fait pression auprès du producteur pour récupérer « 50 000 euros de prestations sexuelles non réglées ». Thomas Langmann, après avoir reconnu les faits, déclarera que tout ceci était en fait destiné à sa propre consommation. Accusée d'incitation à la prostitution, d'extorsion de fonds, de chantage et d'infraction à la loi sur les stupéfiants, la directrice de la société d'escort girl qui a dans un premier temps été emprisonnée, a été acquittée par la justice suisse le 9 janvier 20094,5.


Hasanavicius (son nom sort tout droit de Didier non ? )a eu du mal à trouver des fonds pour le film... une fois ceci fait, Thomas Langmann a vu le film en projection privée quelques jours avant Cannes. il a acheté les droits pour le diffuser largement aux USA. le film ne pouvait trouver mieux pour les US.
Il a fait de même pour le discours d'un roi. et un long dimanche de fiancaille aussi je crois.
MC Jean Gab1
T'es trop ratal quand tu fais ton rabbin
(Dieu vivant du forum)
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