Séries spoilers

 Dernier message 
 posté par MC Jean Gab1 : 
17 septembre 2013, par Pierre Sérisier
Breaking Bad – Chronique de la monstruosité ordinaire
Il est préférable d'être à jour pour lire cette note

Il y a d'innombrables raisons d'adorer Breaking Bad. A toutes celles qui ont été égrainées sur ce blog depuis cinq ans (et elles furent nombreuses) s'en ajoute une autre, une un peu particulière, qui range la série de Vince Gilligan dans une catégorie à part, aux côtés d'oeuvres que l'on convoque au titre des souvenirs et des références. Des choses comme Les Soprano, A La Maison Blanche ou encore Twin Peaks. #BB (oui, il faut se mettre à l'heure des réseaux sociaux) vous donne ce que vous voulez. Il est encore prématuré de faire un bilan définitif des 62 épisodes - deux sont encore à voir. Mais cette aventure, plus encore qu'un western ou un polar, restera comme une chronique de la monstruosité ordinaire.

Ozymandias, antépénultième épisode de la série diffusé dimanche, est sans doute l'un des plus beaux de cette année, de cette saison coupée en deux et de cette série dans son ensemble. Breaking Bad vous a toujours donné ce que vous vouliez. Mais jamais ce que vous aviez anticipé. Avec une magie constante, elle ne cesse de vous surprendre, de vous saisir à revers, de se moquer de vous par un contrepied parfait. Elle vous conduit là où vous ne vous étiez pas préparé à aller et pourtant une fois parvenu à destination, vous avez la certitude que c'est exactement ce voyage que vous rêviez d'accomplir.

Non seulement, la série vous apporte une satisfaction inouïe, mais elle ne le fait jamais au détriment de l'indispensable cohérence du récit, elle n'abdique jamais face aux impératifs de la narration, elle conserve toute la rigueur nécessaire à l'enchaînement des événements. Elle est un conte moderne, magistral et maîtrisé, une espèce d'énorme bouquin dont vous redoutez et vous retardez la fin.

Au fond de vous même, vous n'avez pas envie de quitter Walter White. Contraints et forcés, vous vous y êtes préparés, mais vous n'êtes pas tout à fait prêts pour ce qui va ressembler à un deuil. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. De la séparation avec des personnages auxquels vous vous êtes intensément attachés.

Dans toute la subtilité que Gilligan est parvenu à instiller à sa série, Ozymandias sert à cela. A vous aider à lâcher prise. A deux épisodes de la fin. A vous préparer au deuil. Mais pas seulement. Car cela serait trop simple. Car cela ne serait pas tout à fait Breaking Bad, si l'ambition se résumait à une démarche aussi triviale. Par une douce perversité, cet épisode parvient à vous retenir, à vous attacher, à marquer votre mémoire, en raison de sa violence, de cette exposition si longtemps attendue du monstre, de son effroyable perversité et de son épouvantable simplicité.

Les yeux de Holly
Ce quatorzième épisode de la saison 5 nous apporte ce qu'en fait nous attendions depuis la fin de la première saison. Walter apparaît comme il s'est révélé au fil du temps, mais surtout comme il est et qu'il a toujours été, à ceux qu'il aime, à ceux pour lesquels il s'est lancé dans cette histoire, ceux pour lesquels il a mal tourné. Nous avions déjà vu ce visage. Le masque n'est pas tombé d'hier. Mais nous ne l'avions jamais contemplé avec les yeux de Skyler, de Junior et finalement (sublime mise en abyme qui annonce l'échec de la rédemption) avec les yeux de Holly.

Dans cet épisode, Walter White a été jugé et condamné. Aucune sentence n'a été prononcée pour les crimes qu'il a commis, pour les crimes qu'il a pris plaisir à commettre, mais la peine est sans appel. Elle est pire que les barreaux d'une cellule et un enfermement car elle équivaut à un châtiment tout aussi douloureux, celui du bannissement, de l'exclusion, du rejet, de l'emprisonnement dans la solitude, le mépris, la rancoeur et le nécessaire oubli. Quatre murs bien plus solides que ceux qu'aucun homme ne pourra jamais ériger.

Nous avions besoin de voir Walter tel que les siens ne l'avaient jamais vu. Nous avions besoin de le voir châtié, parce que nous l'avions beaucoup aimé. Et Ozymandias assouvit ce besoin. L'épisode remplit cette fonction morale. On pourrait avancer l'argument qu'il s'agit là d'une option bien conventionnelle de la part de Vince Gilligan. Après tout, il aurait pu se montrer qu'un parfait cynisme. A bien y réfléchir, cela aurait été une erreur.

Le cynisme a eu largement l'occasion de s'exprimer au cours de ces cinq dernières années et une absence de châtiment aurait été troublante. Et elle n'aurait pas été cohérente avec tout ce qui a précédé. Le châtiment est l'issue réservée à chaque protagoniste: Gus a la moitié du visage emportée par une bombe, Gale se fait tuer par Jesse, Jesse devient un esclave de la production de meth' (ce qu'il refusait par dessus tout), Hank prend une balle pour s'être cru trop beau, trop fort, trop malin (après être apparu comme un parfait imbécile).

L'ultime subtilité de cet épisode est de commencer par un brutal flashback, au tout début, là où tout a commencé. Pour nous rafraîchir la mémoire après toutes ces années, mais aussi pour mieux nous faire apprécier le chemin parcouru. Et surtout pour nous dire, d'emblée mais sans nous le crier trop fort, qu'il n'y a pas de retour en arrière, que nous ne pouvons pas effacer ce que nous avons fait et que le déni de réalité n'est jamais une solution.

"Mark my words. You will be held accountable for your actions, bitch !"
(Photos: AMC)
-

Agrandir



Votre commentaire ou votre réponse :

Voici à quoi doit ressembler une simple quote :
<blockquote class="citation"><cite><strong>Untel</strong> a dit :</cite> Son message</blockquote>
Vous pouvez mettre votre message directemment à la suite.
On doit donc toujours avoir une seule balise "<blockquote class="citation">" et elle doit forcément être refermée par "</blockquote>" avant le début de votre message.
Tout ce qui se trouve entre le premier <cite><strong>Untel</strong> a dit :</cite> et le message que vous souhaitez conserver peut être effacé.

Joindre une photo

Depuis votre ordinateur
  (cliquez sur parcourir pour choisir une photo sur votre ordinateur, inférieure à 500ko)
Ou depuis un serveur internet
exemple : http://imgur.com/
Auteur : Vous allez poster en Anonyme, si tel n'est pas votre souhait,
merci de vous inscrire !


Afin de lutter contre le SPAM, vous devez répondre à cette question pour pouvoir poster




Utilisation des smileys... Pour placer un smiley dans votre message, il vous suffit d'introduire l'un des raccourcis clavier ci-dessous dans votre texte. Mettez-en partout !
Smiley
Raccourci clavier :) :( ;) :D :)) :o) Cliquez ici pour voir les raccourcis correspondants...

Un petit cour d'HTML...
  • Texte en gras : écrire le texte entre les balises <b> et </b>.
    <b>gras</b> donne gras
  • Texte en Italique : écrire le texte entre les balises <i> et </i>
    <i>italique</i> donne italique
  • Texte souligné : écrire le texte entre les balises <u> et </u>
    <u>souligné</u> donne souligné
  • Lien Internet : écrire le texte entre les balises <a href="adresse_internet"> et </a>.
    <a href="http://www.stopweb.com">stopweb</a> donne stopweb
  • Insérer une image : mettre l'adresse comme ceci <img src="adresse_internet">.
    <img src="http://www.stopweb.com/photos/334641"> donne
  • Vous pouvez, bien sûr, combiner toutes ces commandes entre elles :
    <a href="http://www.stopweb.com"><b><i><u>stopweb</u></i></b></a> donne stopweb

  • Texte en couleur : écrire le texte entre les balises <font color=couleur> et </font>
    <font color=darkred>texte en rouge foncé</font> donne texte en rouge foncé