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 posté par MC Jean Gab1 : 
9 octobre 2013, par Pierre Sérisier
Homeland – En attendant Brody

C'est un peu le passage obligé. La figure imposée devant le jury, en somme. Homeland, est à nouveau présente depuis deux semaines sur Showtime (depuis plus d'un mois en réalité, puisque le premier épisode avait savamment fuité sur internet) mais l'envie d'en parler est un peu absente. La raison en est simple. La saison 1 avait rallié son port après une brutale et douloureuse capillo-traction et la saison 2 n'avait pas chassé ces petits picotements dans les yeux, assez désagréables, il faut le dire. La saison 3 n'épargne guère nos souffrances et on attend avec impatience le retour de Brody parce que le tirage de cheveux ça fait mal à la longue.

Parler de Homeland est presque une obligation. La série de Howard Gordon et Alex Gansa adaptée de la fiction israélienne Hatufim a raflé les trois principales récompenses aux Emmy Awards en 2012 et aux Golden Globes en 2013, sans compter les deux Globes l'année précédente (meilleures série dramatique, meilleure actrice). Les statuettes et autres distinctions ne sont pas toujours un gage de qualité, mais en l'occurrence elles apparaissaient à l'époque comme plutôt méritées.

C'est aussi une obligation parce qu'à l'exception des dernières scènes, la saison 1 était une réussite. Parce que Claire Danes est réellement impressionnante et porte avec Mandy Patinkin l'intérêt essentiel de l'histoire, bien au-delà de la relation entre l'agent Carie Mathison et le traître Nicholas Brody (Damian Lewis). Parce qu'enfin, Homeland est une série de l'après-Ben Laden, une plongée dans la paranoïa d'une femme, symptomatique d'un pays qui doute et qui s'adapte aux formes nouvelles de la guerre.

Il était assez éclairant de lire les explications fournies cette semaine par la Maison blanche et le département d'Etat pour justifier l'intervention des Navy SEALs (les troupes d'élite qui ont abattu Ben Laden au Pakistan en mai 2011) à Tripoli en Libye et contre un repère d'islamistes en Somalie il y a quelques jours. L'engagement massif au sol est désormais remplacé par des opérations ponctuelles, ciblées, d'une durée extrêmement courte, limitant les risques de perte et s'appuyant sur une évidente supériorité technologique dans le domaine de la surveillance aérienne.

Homeland a parfaitement capté et restitué cette transformation de l'art du conflit. Elle est d'ailleurs illustrée d'emblée lorsque Saul Berenson, devenu directeur par intérim de la CIA, accepte une mission de ce type contre des "cibles" ennemies avec un minimum d'hommes et un maximum de moyen engagés. C'est dans cet aspect que la série conserve un intérêt: dans le conflit entre la tentation d'omniscience proposée par la machine et la conviction que l'humain ne peut pas être remplacé.

Les dirigeants de l'agence, mais aussi les gradés du Pentagone ou les conseillers de la présidence affichent une foi sans faille (une foi proche de l'aveuglement) dans la supériorité dont ils disposent face à leurs adversaires. Ils y sont d'autant plus enclins que les opérations récentes terrestres Afghanistan et en Irak ont été des fiascos.

D'autant plus enclins que ces moyens légitiment la nouvelle stratégie qu'ils ont eux-mêmes élaborées, d'autant plus enclins qu'il y a des contrats somptuaires à la clé, d'autant plus enclins qu'ils ont été pris en défaut par des attentats et d'autant plus enclins qu'ils ont besoin de démontrer que les Etats-Unis demeurent la première puissance mondiale.

Humaniser l'ennemi
Face à ces tentations, Carie Mathison pèse bien peu. Elle est la seule à défendre l'idée d'une résistance à l'ancienne, pourrait-on dire. Il n'y a guère que Saul pour l'écouter (et encore). Il se trouve entre l'intuition que sa protégée à raison, ses nouvelles obligations et le doute qui accompagne sa fonction. S'il trahit son agent, il le fait sous serment, après avoir tenté d'esquiver la réponse et pour échapper au parjure.

La résistance de Carie Mathison pèse peu car elle est fondée sur la psychologie, la connaissance des acteurs, la collecte d'informations et la compréhension de leurs motivations. Elle est la dernière à humaniser l'adversaire face à des quarterons de décideurs qui ne voient que des photos collées sur un tableau blanc et des images fournies par des satellites espions. Il y a toujours un certain plaisir à constater que la vérité est détenue par celui qu'on croit fou.

Malheureusement, cette compréhension des enjeux actuels de la défense américaine ne suffisent pas à soutenir l'intérêt de la série qui se met à tourner en rond comme un chat essaie d'attraper sa queue. On repart dans la folie de Carie, qui est soignée, puis internée, puis mise sous médicaments, qui s'enfonce et qu'on enfonce dans sa maladie. C'était déjà le parti pris à la fin de la saison 1.

On repart aussi dans les histoires de Dana Brody, sa crise d'adolescence, ses amourettes, ses engueulades avec sa mère. Gordon et Gansa doivent avoir un problème avec ce type de personnage. La fille de Jack Bauer avait déjà ce côté agaçant qui aurait pu être un artifice de narration pour accrocher le spectateur mais qui en fait constituait seulement un repoussoir.

Enfin, on a droit à l'audition de Carie par une commission sénatoriale (cf. la saison 7 de 24) dans laquelle les membres ont toujours la même expression comme si leur fonction affectait leur physique et leur donnait des airs de tristes sires aux lèvres minces, à l'arrogance pincée et à la raideur vertébrale. Pour dire les choses plus simplement, on se demande si leurs fauteuils sont équipés d'un balai sur lesquels ils s'assoient.

Une saison 3 qui commence, donc, d'une manière plus que poussive et laisse le public dans l'attente de Brody. On saura vite si le fugitif est capable de sauver les meubles de Homeland.
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