Ils nous ont quittés

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Tu devrais tester, Rodman, c'est très proche de Bresson

Theo Angelopoulos, l'éternité et une nuit

Alors que la Grèce traverse un des chapitres les plus douloureux de son histoire, voici que son plus grand cinéaste, Theo Angelopoulos, est mort, dans la soirée de mardi, dans un hôpital du Pirée, après avoir été fauché dans la rue par une moto.
Né le 27 avril 1935 à Athènes, formé au cinéma en France à l'Idhec, Palme d'or à Cannes en 1998 avec L'Eternité et un jour, le cinéaste avait mis le cinéma grec sur le devant de la scène internationale. L'histoire tragique de la Grèce et celle de l'Europe, étaient son terreau de prédilection.
Son apparition dans les années 1970, parmi ces nouveaux cinémas qui émergeaient alors dans le monde dans le sillage de la Nouvelle Vague, a soudain fait briller, dans les salles obscures, le grand soleil noir de la mélancolie, élevant le plan séquence et l'inscription du temps dans l'espace, à une sorte de métaphysique. Son style, empreint de majesté et de langueur, compositions picturales jouant de la disposition des personnages dans les paysages, était immédiatement reconnaissable.

Nouvelle épopée
Angelopoulos - digne enfant d'un pays qui fut le pourvoyeur antique de la tragédie avant d'être meurtri au XXe siècle par la guerre civile et la dictature des colonels - va écrire une nouvelle épopée, dont le lyrisme et la beauté sont trempés dans le sang et l'abjection de l'histoire contemporaine.
Son premier long métrage, La Reconstitution (1970), joue ainsi des codes du genre policier pour mieux nous emmener ailleurs. Le meurtre d'un immigré de retour au pays, assassiné par sa femme et son amant, ouvre sur une enquête qui dévoile des gouffres collectifs. L'histoire de son pays, la mémoire de ses vicissitudes, est plus explicitement encore au cœur des films qui suivent : Jours de 36 (1972), Le Voyage des comédiens (1975), un des sommets de son œuvre, et Les Chasseurs (1977). Tout l'arsenal poétique d'Angelopoulous se précise ici. Le refus de l'héroïsation, la parcimonie du dialogue, le goût de l'épure et de la distanciation, de l'ellipse et de l'allégorie. S'il fallait retenir un mot-clé, ce serait celui de voyage.
Angelopoulos nous aura fait voyager comme personne, dans le temps et dans les paysages, à travers la matière et l'esprit. Il excelle, souvent dans un même mouvement de caméra, à convoquer des réalités et des époques différentes, à faire cohabiter le mythe et la réalité, le théâtre et l'Histoire, l'imaginaire et le politique.
Cette poétique s'amplifiera, lançant sur les chemins des personnages en quête d'eux-mêmes. Un homme en rupture de sève existentielle qui emprunte un beau jour le chemin des fleurs (L'Apiculteur, 1986). Deux enfants qui se mettent en route vers l'Allemagne pour y retrouver leur père (Paysage dans le brouillard, 1988). Un journaliste qui enquête sur un homme politique disparu, retrouvé parmi les immigrés d'une zone de transit (Le Pas suspendu de la cigogne, 1991). Un cinéaste qui parcourt les Balkans en guerre jusqu'à Sarajevo, en quête du premier film qui y fut tourné (Le Regard d'Ulysse, 1995). Un écrivain au seuil de la mort (interprété par Bruno Ganz) qui veille à raccompagner un enfant réfugié albanais jusqu'à la frontière (L'Eternité et un jour, 1998).
Le tournant du XXe siècle, dont le cinéaste avait inscrit les convulsions dans le marbre, aura pu donner l'impression qu'Angelopoulos s'était éloigné de nous, ou que la marche de ce temps qui lui était si cher nous avait éloignés de lui. Ses films se faisaient plus rares, ils étaient reçus avec moins d'attention et de ferveur. On aurait pu croire qu'il était un homme du passé s'il n'avait préparé, au moment où la mort l'a cueilli, un film sur la crise en Grèce, et plus largement en Europe. Son titre était L'Autre Mer : il nous aurait sûrement surpris.
Jacques Mandelbaum (Le Monde)
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