Cinéma

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 posté par MC Jean Gab1 : 
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Que reste-t-il du western spaghetti ?

A l'occasion de la soirée de France 3, qui diffuse deux films de Sergio Leone, plongée dans un genre phare des années 1960.

Almeria, Andalousie. C'est dans ce sec Sud espagnol, non loin de ce port, que se joua l'une des dernières partitions de l'histoire de l'Ouest yankee. Drôle d'impression à y traîner aujourd'hui, Musée Grévin d'une décennie - les années 1960 -, celle de Sergio Leone, inventeur, sculpteur, de ce que les Américains appelèrent le western spaghetti. Leone déclara dans l'un de ses entretiens avec Noël Simsolo : « Je croyais que c'était ironique et subtil. Il me semblait que cela signifiait que les spaghettis remplaçaient le lasso. Mais ce n'était pas vrai. Cependant, cette appellation n'avait rien de péjoratif ; à cette époque, on disait spaghetti pour italien. Comme aujourd'hui, on parle de »pizza connection. À présent, le spaghetti est démodé. C'est la pizza qui a la cote. »

C'est parce que les poètes ont petit à petit déserté l'épopée - la poésie commence toujours par l'épopée - que Hollywood est né. Qu'est-ce qu'un western sinon un résumé de L'Iliade et L'Odyssée ? Nous sommes dans Homère. Dimension épique, lente mise en mouvement tragique. Le western - depuis Le train sifflera trois fois, de Fred Zinnemann, dont l'action, faut-il encore le rappeler, dure exactement ce que dure le film (c'est pourquoi l'on voit régulièrement une horloge, celle de la gare par exemple) - est l'art du temps. Sergio Leone en fit bon usage. Son génie ? L'étirer à l'infini, l'étendre al dente, faire jouer le silence ou les notes miauleuses de son compositeur de chevet - en fait son véritable scénariste -, Ennio Morricone, qui fut son camarade au collège. « J'ai toujours remplacé les mauvais dialogues par la musique soulignant un regard et un gros plan. C'est ma façon d'en dire beaucoup plus. »

Le cinéaste romain n'aimait guère le genre western, dont il connaissait parfaitement les codes, et détestait que l'on dise de ses films qu'ils étaient des opéras baroques car il n'aimait pas l'opéra. Il s'est intéressé au western pour le dépoussiérer. Admirateur de John Ford, dont il disait qu'il était le « maître », le « meilleur du cinéma », il s'amusa donc à tordre le cou à la légende du Far West. On allait voir ce qu'on allait voir. On a vu et revu sa géniale trilogie du dollar. Saloons déglingués, hôtels croupis, ranchs décrépits. Finis les habits neufs du shérif, le Sioux fumant le calumet de la paix, les putes bien propres chantonnant derrière un piano bastringue...

Les « héros », chez Leone, sont crasseux comme des peignes, ont l'oeil vitreux ou borgne, le visage couturé cuit par le soleil, le cache-poussière balayé par le vent du cynisme. Souci de réalisme. « Si vous regardez les photographies de cette époque, vous y verrez des individus dont l'apparence est bien pire que celle de mes personnages. Mais ce n'est pas un effet de style. C'est une volonté documentaire. Et elle m'est nécessaire pour bien ra conter des fables », aimait-il souligner.

Henry Fonda (dont l'agent ne lui avait pas fait lire le script) et James Coburn (trop cher) refusèrent le rôle de « l'homme sans nom », alias Joe, de Pour une poignée de dollars. Clint Eastwood fut contacté par le réalisateur, qui n'avait pas une lire en poche. Celui qui devint le pistolero laconique, le cow-boy samouraï inspiré de Kurosawa, froid comme un crotale, se souvient que « Sergio n'avait pas le choix : il faisait le film avec des bouts de ficelle. Il m'a choisi après avoir vu un épisode de Rawhide. Quand j'ai été approché, un Américain disant représenter le producteur m'a même demandé : Est-ce que vous pourriez fournir votre propre costume ? Abasourdi, je suis allé m'équiper dans une boutique de Santa Monica Boulevard. J'y ai acheté des pantalons qui me paraissaient d'époque ; je les ai vieillis en les lavant et relavant. J'ai récupéré des bottes et des ceinturons que j'avais portés sur Rawhide. J'ai fourré le tout dans un sac de jute, et en avant pour l'Espagne ! »

Mais avec des bouts de ficelle, on connaît la suite, Sergio Leone réalisa son premier chef-d'oeuvre, Pour une poignée de dollars (1964), suivi par Et pour quelques dollars de plus (1965) puis par Le Bon, la Brute et le Truand (1966), et réécrivit l'aventure des États-Unis. Il balaya les poncifs, créa un genre, un monde - à l'inverse de celui de Ford ou de Hawks - dénué d'ingénuité. Après lui, le son aigu, strident des winchesters et des colts navy n'eut plus le même écho. Ses balles sifflent encore dans nos oreilles comme un concerto, allegretto grazioso. Oui, après lui, le train ne sifflera plus trois fois. Que reste-t-il du spaghetti ? Une autre cuisson de l'histoire du western. Pas du ketchup. Du Tabasco.

lefigaro.fr



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