C'est le mammouth de la politique italienne : Giulio Andreotti a été 7 fois président du Conseil et 25 fois ministre. A côté, notre Chirac est une gazelle. Au leader énigmatique et inoxydable de la Démocratie chrétienne, le Napolitain Paolo Sorrentino consacre un film virtuose et féroce, «Il Divo». Pour résister au temps, Andreotti a dû s'acoquiner avec la Mafia, le Vatican, la franc-maçonnerie et, plus déli cat encore, avec lui-même. C'est Toni Servillo, à peine sorti du cloaque de «Gomorra», qui incarne, entre Shakespeare et Pirandello, ce diable boiteux, bigleux, sulfureux et ténébreux. Il est époustouflant. Andreotti a détesté son portrait à charge. Preuve supplémentaire de la réussite du film et de notre regret. Car on rêverait d'un «Il Divo» à la française. En attendant, Servillo monte (du 14 au 18 janvier) la «Trilogie de la villégiature» à la MC93 de Bobigny. Quel Fregoli !