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 posté par Anonyme : 
Le Blues des Number Two (Basket infos)

Pour beaucoup d’amateurs de balle orange, la cérémonie de la draft représente un des grands moments de la saison. Entre nouveaux espoirs et excitation de voir tant de nouveaux talents, le suspense tient également une place de choix dans la réussite de la soirée, et ce dès le début de la cérémonie. En effet, il sont souvent deux, voir trois, très bon prospects à postuler pour le titre de top pick, et même si l’un des deux semble se détacher un peu plus, on n’en est certain que lorsque David Stern les invite à le rejoindre sur l’estrade. Et ces dernières années, on constate un phénomène récurrent : alors que les top pick brillent, leurs doublures piétinent. Analyse.

Derrick Rose est blessé, mais est sans conteste un des meilleurs meneur de la ligue, et un des joueurs les plus explosifs et plaisant à voir jouer lorsqu’il est en forme. Même chose pour Blake Griffin, qui a pris le pouvoir et fait des Clippers une équipe enfin médiatisée et intéressante à suivre, à coup de alley oops et dunks de folie toujours plus spectaculaires les uns que les autres. John Wall n’est pas en reste non plus, et même si il doit encore franchir un palier collectivement pour faire enfin décoller Washington, nul doute que c’est un excellent joueur, au potentiel énorme. Tout comme Kyrie Irving, le tout jeune meneur de Cleveland qui s’est déjà installé en patron dans l’Ohio, clutch, un des meilleurs dribbleurs de NBA, et incarne la nouvelle génération de meneur appelée à prendre le contrôle de la grande ligue.

Voici donc les quatre derniers first pick de draft, de 2008 à 2011, sans conteste des fantastiques joueurs en devenir ou qui le sont déjà même. Mais qu’en est il des seconds picks de ces même années ? C’est déjà bien moins glorieux. De Michael Beasley à Derrick Williams, en passant par Hasheem Thabeet ou Evan Turner, la comparaison avec leur paires sélectionnés seulement un tour avant eux fait pourtant tâche. Sans même remonter à Darko Milicic, drafté 2e par Detroit juste après Lebron James mais avant des Carmelo Anthony, Chris Bosh ou Dwayne Wade, ou encore au maître originel en la matière, le tristement célèbre Sam Bowie connu pour avoir été drafté en deuxième position juste avant un certain Michael Jordan, on remarque en tout cas que le phénomène est récurrent. Alors, simple coïncidence ou mal profond ? Il est en tout cas légitime de se poser la question.

Lorsque Chicago décroche le premier choix à la draft lottery de 2008, et Miami le second, les choses sont claires : sauf cataclysme ce seront Miachael Beasley et Derrick Rose les deux premiers choix de la draft, à Chicago de décider dans quel ordre. Beasley est un ailier versatile à sa sortie de Kansas State, un scoreur né qui rapporte pas moins de 26.2 points et 12.4 rebonds dans sa première et seule année en fac ! Des stats impressionnantes qui font de lui le favori pour être le top pick dans un premier temps. Derrick Rose lui, vient tout juste de perdre le championnat NCAA avec l’Université de Memphis, face au Kansas (différente du Kansas State de Beasley) de Mario Chalmers et Darrell Arthur notamment. Meneur athlétique et altruiste, il n’est pas non plus un magnifique playmaker mais on le dit NBA ready après seulement un an à la fac de Memphis. Chicago préférera Rose, pour sa mentalité autant que ses capacités sur le terrain. Miami prend donc Beasley, et entend bien en faire un parfait lieutenant à Wade pou retrouver le succès. Une première saison prometteuse en sortie de banc, où il compile presque 14 points et 5.5 rebonds de moyenne. Puis carrément un poste de titulaire comme ailier fort. Un peu léger pour ce poste, il a pour lui d’être plus agile et rapide que les autres ailiers forts, en plus de sa capacité à évoluer loin du cercle. Malheureusement, il se fera manger tout cru par Kevin Garnett au premier tour des playoffs 2010, mais sa saison fut intéressante, compilant 15 points et plus de 6 rebonds de moyenne.

Mais à l’été 2010, le Heat fait le ménage et Michael Beasley est bradé à Minnesota pour avoir la place d’accueillir les Three Amigos. Chez les Wolves, ont attend de B-Easy a ce qu’il prennent rapidement les rennes et le leadership d’une équipe bien moribonde depuis le départ de KG. Et ce sera chose faite, puisqu’il semble en forme en début de saison, gratifiant même Minnesota d’un game winner contre les Clippers. Repositionné sur le poste 3, il paraît plus à l’aise qu’en 4. Oui mais voilà, cette saison sera celle de l’explosion de Kevin Love, qui va lui voler la vedette et produire toujours plus de stats pour devenir le véritable leader de cette équipe. Dans sa quatrième année dans la ligue, il est encore plus concurrencé par un Love qui a passé un palier, mais aussi Derrick Williams, Wes Johnson, Wayne Ellington ou Martel Webster. Ses minutes chutent, tout comme sa production qui passe de 19 et quelques à 11 points par rencontre … Aujourd’hui à Phoenix, il a la place de devenir le leader de cette équipe, au scoring au moins, et c’est sans doute sa dernière chance de montrer qu’il peut réellement devenir quelqu’un dans cette ligue.

Au final, si Michael Beasley n’a pas eu le début de carrière que l’on attendait, ce n’est pas forcément de sa faute, et ce fut d’ailleurs peu souvent de son ressort. Positionné ailier fort à Miami, Spoelstra aurait été plus inspiré de le placer en 3, étant donné que le garçon est plus un grand small forward plutôt qu’un petit et versatile power forward. Avec le temps, sans doute serait-il devenu un lieutenant tout ce qu’il y a de plus correct à Dwayne Wade. Bon shooteur extérieur et à mi distance, et plutôt athlétique pour un poste 3, il aurait pu à terme engranger peut être 20 points et 8 rebonds et faire aller le Heat en playoffs, mais Lebron James en avait décidé autrement. Chez les Wolves, il semblait avoir le leadership mais on le sait, et ça s’est confirmé sur les récentes saisons, c’est bien difficile de cohabiter à la machine à stats qu’est devenue Kevin Love. Victime de son image, il est aujourd’hui vu d’un mauvais oeil mais on espère qu’il arrivera a enfin exprimer tout son talent pour refaire des Suns un prétendant au playoffs.

Le cas Hasheem Thabeet est lui un cas à part, dans toute l’histoire de la NBA. Sans doute le plus gros bide de l’histoire de la draft NBA, et peut être même de tous les sports américains confondus. Le Tanzanien tournait dans sa dernière année à UCONN autour de quelques 13 points et 10 rebonds, pas mauvais en somme. C’est un bon pivot défensif, mais de là à voir autant la côte pour la draft … Memphis hérite du deuxième choix, mais Thabeet ne veut pas y aller et annule le workout. Les Grizzlies eux avaient en plus une belle ossature : Mike Conley, OJ Mayo, Rudy Gay, et Marc Gasol, et veulent un intérieur, mais pas d’espérer récupérer Griffin en deuxième choix. C’est donc Thabeet qui atterrit à Memphis, dans une situation déjà compliquée donc. Pour le reste, les chiffres parlent d’eux même, et pour ceux qui pensaient que ça sentait le très mauvais coup, ils peuvent se réjouir d’avoir eu raison : 3.1 points et 3.6 rebonds de moyenne en tant que rookie, des records en carrière, et de loin. Il réussit à réaliser l’exploit d’être le pick le plus haut d’une draft NBA a être envoyé en DLeague. Après avoir « joué » (en tout cas présent dans l’effectif) à Houston et Portland, c’est OKC, les maîtres en matière de développement des jeunes joueurs qui ont récupéré le dossier. Mais on ne serait pas surpris de les voir échouer, même eux.

Un niveau médiocre, mais l’anomalie réside dans le fait que Memphis en ait fait un second choix de draft, plus que dans l’absence de talent du garçon. Surtout quand on sait que cette draft 2009 comportait de beau phénomènes. Les Grizzlies avaient parié sur Mayo l’année d’avant sur le poste 2, mais cela les empêchait il de sélectionner un James Harden, ou un Tyreke Evans, qui venait d’ailleurs de la fac de Memphis ? Sans doute que non. De même, quand on sait le nombre de meneur de grand talent qu’à produit cette cuvée (Curry, Jennings, mais aussi Holiday, Collison, voir Maynor et Teague), il y avait moyen de faire mieux, surtout que Mike Conley n’était pas encore le joueur confirmé et quasi indispensable qu’il est aujourd’hui.

Pour Evan Turner, choisi deuxième en 2010, l’histoire est encore différente, et cette fois ci c’est à propos de confiance. Le phénomène en 2010 se nomme John Wall, et Washington le veut, mais jusqu’au bout il a persisté un petit doute sur le fait que les Wizards pourraient se tourner vers Turner. Ce ne fut pas le cas, et le voilà qui débarque à Philadelphie. A Ohio State, Turner était une star, un fantastique scoreur, capable d’attaquer le panier très bien et de se créer son shoot, sans parler de son excellent capacité au rebond pour un arrière. Oui mais voilà, il arrive dans une équipe coaché par Doug Collins, et cela va s’avérer plus dur que prévu. Dans une équipe où c’est le collectif qui prime, à l’image de son franchise player Andre Iguodala très altruiste, Evan Turner va souffrir d’un clair manque de confiance de la part de son coach, qui lui préfère même le sophomore Jodie Meeks, un pur shooteur, pour être titulaire à l’arrière.

L’an passé, Turner renverse la vapeur et s’impose comme le titulaire indiscutable à l’arrière pendant la campagne de playoffs 2012. On le retrouve beaucoup plus agressif, entreprenant, et avec beaucoup plus de réussite (11pts, 7.5rbs). Aujourd’hui qu’Andre Igodala est parti à Denver, Collins compte sur Turner pour être, avec Jrue Holiday et Andrew Bynum, le leader de la franchise. Et si il ne tourne qu’à 8.2 points par match en deux ans de carrière, total faible par rapport à ce qu’on attend d’un second choix de draft, son histoire est beaucoup moins crève coeur ou décevante qu’un Beasley par exemple. Il faut reconnaître tout le talent de Doug Collins qui en deux ans a réussi a le métamorphoser de star universitaire, go to guy, et gros scoreur, à un joueur qui bosse en équipe, qui est devenu un bon défenseur, et se fond dans le collectif. Sa mécanique de shoot lui fait défaut, et il devra travailler là dessus, mais il est aujourd’hui un arrière confirmé dans cette ligue, qui saura élever son niveau de jeu par rapport aux autres joueurs du collectif lorsque ce sera nécessaire. Si il améliore son rendement au scoring, nul doute qu’il pourra prétendre au MIP. Mais si ce n’est pas le cas, il n’y aura rien d’affolant, et à leur façon, les Sixers ont plutôt réussi à bien convertir leur second choix de draft. Même si c’est vrai qu’on était en droit d’attendre plus lors de ses deux premières années.

Derrick Williams n’est pas l’incarnation de la réussite non plus. Le jeune Forward claque une saison à 19.5 points et 8.3 rebonds par match à Arizona State, qui lui vaut d’être en course avec Kyrie Irving pour être le top pick que Cleveland choisirait en 2011. Mais c’est Irving qui semble tenir la corde, et pendant les jours qui ont précédé la draft, Minnesota n’a cessé de chercher à refourguer ce second pick à une autre équipe qui elle se ferait un plaisir de sélectionner Williams. Ils n’y arriveront pas, et Williams rejoint les Wolves qui l’ont pris non pas parce qu’ils en avaient besoin, mais parce que c’était le deuxième meilleur joueur de cette draft en valeur absolue … Des débuts difficiles donc, la saison rookie de l’ancien d’Arizona n’a rien d’extraordinaire, et pour cause : lui qui évolue sur les poste 3 et 4 se voit en concurrence avec Kevin Love, Michael Beasley, Wes Johnson, Martel Webster, et Anthony Tolliver. Il réussira bien quelques coups d’éclats par ci par là, quand il en eut le temps de jeu nécessaire pour le faire, mais cela paraît impossible de le voir exploser dans un tel effectif, qui vient en plus d’accueillir Andreï Kirilenko, Chase Budinger ou Dante Cunnigham. Un départ serait la meilleure des solution pour DWill, sous peine de voir un nouveau talent se gâcher dès ses premières années en NBA.

Enfin, que penser de Michael Kidd Gilchrist, le second choix de draft de cette année ? Il arrive chez les Bobcats, une équipe en totale reconstruction, avec un plein de confiance de la part des dirigeants, qui placent beaucoup d’espoirs en lui. Il n’est pas un fantastique attaquant, sa mécanique de shoot est encore très perfectible, mais il peut néanmoins attaquer le panier grâce à ses excellentes qualités physiques. Contrairement à ces prédécesseurs, MKG apporte quelque chose qui l’empêche presque de devenir un bide : la défense. Contrairement à un attaquant qui ne trouve pas ses marques, n’arrive pas à développer son jeu d’attaque ou a rentrer des shoots, la défense est un gage de succès en NBA, bien plus qu’ailleurs. Un Tony Allen, dont la mécanique de shoot ferait se retourner dans sa tombe James Naismith en personne, s’est fait pourtant un nom dans la ligue. De même pour un Sefolosha par exemple. MKG est de cette trempe, un véritable energizer qui apporte de l’intensité, polyvalent défensivement. Autant dire que même si il tourne à seulement 6 points de moyenne, ce ne sera pas dramatique pour les Bobcats qui attendent avant tout de le voir insuffler un esprit de défense dans l’équipe.

Ainsi, depuis Kevin Durant en 2007, les seconds choix de draft semblent tout de même galérer pour se faire un nom. Mais au final, le phénomène n’est pas uniquement liée à ces choix en particulier, et s’applique à n’importe quel rookie, qu’importe sa position dans la draft. Même si la NBA est un monde au dessus de la NCAA, priver un jeune de confiance et de temps de jeu est le meilleur moyen pour le voir perdre son basket et sa propre confiance en ses qualités, et le constat est d’autant plus décevant lorsqu’il touche un très haut choix de draft, dont les attentes sont bien plus élevées. Néanmoins, il n’y a pas autant de nouvelles places en NBA que de joueurs draftés chaque année, et les erreurs de casting ou mauvais choix permettent aussi d’apprécier à leur juste valeur un vrai bon talent.

Telle est la dure loi du sport US.



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