Coupe du monde 2010

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 posté par Pharaon XIII : 
Le joueur aux talents immenses n’a pas survécu. Diego Armando Maradona n’a pas le même éclat depuis qu’il a cessé d’évoluer balle au pied. Sa haine contre le Brésil et ses représentants a toujours existé, elle est plus vive aujourd’hui qu’il s’apprête à disputer contre la Seleção son premier match en tant que sélectionneur. Cette nuit à Rosario, le Brésil dispute une place en Coupe du monde, mais Maradona joue sa crédibilité. Alors, messieurs en auriverde, cette nuit (2h 30 heure française) faites taire cet insolent sans respect, cette grande gueule souvent sans jugeote. Et que le jeu reprenne le pouvoir.
Au Brésil on n’aime pas Maradona. Joueur, pourtant, il évoluait balle au pied tel un dieu. Avec sa technique, il aurait même fait un fier auriverde. Mais dès qu’il lâchait cette boule des pattes, il redevenait lui-même, personnage fragile et aux dérapages jamais contrôlés, un type d’un ego rare et parfois malsain, capable des pires tricheries pour arriver à ses fins. Frapper un Batista est une chose (Mondial 1982), marquer face aux Anglais un but de la main et l’assumer avec une pirouette verbale – « C’est la main de dieu » - en est une autre.

Des tricheries dont il se vante

Mais d’ailleurs pourquoi le Brésil l’aimerait-il ? Quand sa carrière s’étalait encore sur les terrains, il n’a jamais cessé de s’en prendre au rival brésilien. Les propos étaient violents, avec cette pointe d’humour des rues qui frappe les esprits. A croire qu’il n’avait pas meilleur plaisir que ridiculiser un Carioca ou un Mineiro. Avec l’équipe nationale, il a joué six fois contre la Seleção, ne gagnant qu’une fois… et quelle fois ! En 1990, lors du Mondial d’Italie, un membre du staff argentin avait tendu à Branco une bouteille d’eau riche en somnifère.

Le précieux liquide aurait dû circuler entre tous les gosiers brésiliens, mais c’est son seul défenseur latéral qui eut à en subir les conséquences. Qu’a-t-il eu à dire sur ce pitoyable incident ? Rien. Mieux : Maradona l’assume et s’en amuse. Il n’y a qu’à le voir, rigolard entre copains, se moquant d’un Branco soudain léthargique sur la pelouse. Nous voilà revenu aux sources du dopage, où empoisonner l’adversaire est un artifice utilisé pour gagner. Quatre ans plus tard, c’est l’homme de la Seleccion qui tombera, pour usage d’un produit dopant.

Une victoire, un seul but

Le premier duel de Maradona face au Brésil remonte au 2 août 1979. Il a dix-huit ans, l’Albiceleste s’incline (1-2) dans ce match de Copa América face à la Seleção de Cláudio Coutinho, avec Zico et Tita pour buteurs. La deuxième fois a lieu en Uruguay, à l’occasion du Mundialito, le 4 janvier 1981. Le Carioca Edevaldo marque, Maradona égalise pour l’Argentine. Il ne le sait pas, cela reste son unique réalisation face au Brésil. Son pire moment a lieu en Espagne, lors de la Coupe du monde 1982, il sort expulsé pour avoir frappé Batista.

Ce jour-là, les Argentins sont ridiculisés par Sócrates et ses potes géniaux d’inventivité créative. Diego Maradona ne peut rien faire, il ne touche pas une bille, astucieusement muselé par les Auriverde, abandonné par les siens, trop occupés à défendre. La douche est douloureuse, la défaite sévère (1-3), le retour au pays difficile pour le champion du monde en titre. Quelques semaines plus tard, Maradona quitte Boca Juniors et entame sa carrière européenne, à Barcelone. Le 12 juillet 1989, nouveau succès pour le Brésil.

Face à lui le Brésil mène 3-1

Il est décroché par les soldats disciplinés de Sebastião Lazaroni sur la route d’une Copa América triomphante au Brésil. Le 2-0 est dû à Bebeto et Romário, les seuls habilités à marquer dans cette formation ultradéfensive. La dernière confrontation remonte au 17 février 1993, en match amical à Buenos Aires, histoire de célébrer le centenaire de la fédération argentine. Cela se termine par un consensuel nul (1-1), avec but réussi par Luís Henrique, alors joueur à Monaco. Médiocre bilan pour le champion, avec ce violent rouge en 1982.

Le footballeur était un génie, l’homme s’est souvent montré petit, indigne de l’image qu’il offre sur une pelouse, ridiculisant sa maîtrise du jeu. Il n’accepte pas d’avoir tort, d’être mis en difficulté, de ne pas être l’être aimé de tous, y compris des dieux du sport. Il n’y a qu’à l’écouter baver (vomir ?) sur Pelé, l’homme aux trois Coupes du monde, qui rendit le Brésil aussi célèbre que le Corcovado. L’Argentin reproche à son illustre prédécesseur de s’être vendu au pouvoir des riches, d’être devenu un homme-sandwich de luxe.

Pelé, son meilleur ennemi

Sans doute n’a-t-il pas tout à fait tort dès lors qu’on voit l’ancien gosse aux pieds nus de Bauru vanter les bienfaits d’une carte bancaire ou être en pamoison devant un parterre d’élus corrompus. Mais qui est-il, lui, pour porter un tel jugement ? Héros du peuple de Naples, son nom fait encore rêver dans la ville. Quand il y était joueur, son effigie apparaissait sur les murs des quartiers durs, entre deux fissures d’un mur pourri par l’usure. Diego Armando Maradona vient de la pire misère – tout comme Pelé – il veut une revanche sur le sort.

Quitte à flirter avec la mafia de Naples et tomber dans la drogue. Qu’y a-t-il de mieux ? Louer sa présence auprès des puissants ou frayer le grand amour avec la pègre ? L’Argentin a d’ailleurs toujours adoré ce qui ne l’était pas, avec cet élan de celui qui ne sait pas comment être aimé et se console en frayant avec les mal-aimés de la Terre, avec les Napolitains quand il était joueur, avec Fidel Castro, à Cuba, une fois sa carrière terminée. Au Mondiale 1990, il avait été hué par l’Italie pour avoir insulté les gens du Nord face aux Napolitains du Sud.

Seul face à la puissante Seleção

La situation ne lui a jamais déplu, à condition qu’il s’en sorte vainqueur. Le garçon affectionne gagner contre tout le monde, montrer qu’il est le meilleur, le plus beau, le plus grand face aux riches et aux puissants, ceux qui détiennent le pouvoir officiel et corrompu. Lui se sent porte-parole de la rue, des miséreux et des laissés-pour-compte, avec ses succès il souhaite ainsi lever le drapeau de la révolte de la rue contre les maîtres des palais. Dans cet éternel combat qui meubla son existence se retrouve, sans doute aussi, sa haine du Brésil.

En Amérique du Sud, le complexe est évident entre un pays confiné dans ses difficultés, avec une pauvreté qui n’en finit pas de s’incruster et un chômage qui se creuse, et un autre, le riche voisin à l’arrogance agaçante et qui se veut depuis toujours le modèle d’un nouvel essor économique. Avec le géant d’Amérique du Sud il y a un gouffre et Maradona a vite fait de s’y faufiler. Avec ses gros sabots, il gueule à la face du monde sa volonté de renverser le cours de l’Histoire, y compris celle du football face à la puissante Seleção.

L’ennemi vient souvent du Brésil

Pas de chance pour lui, c’est sans ses services que l’Argentine est championne du monde en 1978, il n’a alors que dix-sept ans. Quatre ans plus tard, au Mondial suivant, c’est le Brésil qui est l’exemple du beau jeu, lui termine en étant viré du terrain, expulsé à la 87e’ sans un regard pour Zico qui le regarde de son banc de touche. Son heure de gloire peut attendre, par la faute de Brésiliens qui lui volent de vedette. En 1986 aussi, malgré le succès de la Seleccion. La victoire est la sienne, il y fait pluie et beau temps mais il est aussi montré du doigt.

Ses succès s’accompagnent de polémiques, de doutes, sont mis en perspective, on y place des bémols. Lui trouve cela injuste, il s’en prend aux journalistes, au président de la Fifa, le Brésilien João Havelange (jusqu’en 1998), à Pelé. On connaît la suite : 1990 et cette sortie sous les huées du public dans une finale chipée par l’Allemagne, la sortie honteuse en 1994 pour dopage. La même année, le Brésil gagne son quatrième titre, le double de l’Argentine. Le cinquième vient en 2002, Maradona ne survit que dans la colonne des faits divers.

Le sondage bienvenu pour Maradona

Histoire de continuer à exister, il glisse un pic ou deux, souvent contre Pelé. L’Argentin en veut au Brésilien d’être depuis des lustres considéré comme le meilleur joueur de tous les temps, élu athlète du siècle dernier. Le technicien n’aurait pas d’équivalence ? Maradona, lui, se sait plus fort. Même s’il est souvent le seul à le clamer, il n’en démord pas. Et puis, il y a ce sondage organisé par la fédération internationale (Fifa) qui le place devant Pelé, à quelques voix près. A ses yeux, c’est la vérité qui éclate au grand jour : le voilà roi devant le Roi.

Pelé serait coupable d’être resté à Santos, protégé dans un championnat qui n’a rien de la concurrence offert aujourd’hui en Europe, là où Maradona s’est exilé, en Espagne (Barcelone) puis en Italie (Italie). L’Argentin oublie de comparer les époques, entre les années 1960 où les meilleurs techniciens restaient en Amérique du Sud et aujourd’hui, où les Messi et Kaká ont vite fait de quitter leur pays pour s’en aller briller ailleurs. Peu importe, il n’est plus vraiment écouté désormais, juste une idole devenue attraction et qui fait vendre des journaux.

Une non qualification serait une première depuis 1970

Alors il en rajoute, fait le beau et tend la patte, crie plus fort qu’il aboie pour être entendu. Devenu sélectionneur, il n’a rien prouvé. L’Argentine lui a confié une des meilleures sélections au monde, avec des joueurs à faire pâlir d’envie n’importe quel entraîneur. Qu’en a-t-il fait ? Pas grand-chose. Le groupe n’est pas meilleur qu’avant son arrivée, il vient de se prendre une gifle historique en Bolivie (1-6) et n’est pas assuré de disputer la Coupe du monde 2010. Une non qualification serait une première depuis 1970, longtemps le pays a boycotté l'événement.

Maradona n’est pas un entraîneur et cela se voit dans « l’utilisation » du génial Messi, favori pour le prochain Ballon d’Or et mais qui ne sait pas quoi faire dans le dispositif mis en place par son aîné. En manque d’arguments et pris en faute face à un cruel défaut d’expérience pour le poste, El Pibe passe à l’attaque en conférence de presse et s’en prend… aux Brésiliens. La joute est verbale, on parle de manger une Seleção surfaite et surévaluée, de l’écraser dans l’antre du Rosario, dans un combat d’hommes, au cœur d’un peuple argentin déchaîné.

Des foules chauffées à blanc

Cette nuit le pire est promis au Brésil. Les crampons sont de sortie, les insultes ont été apprises, la foule a été chauffée à blanc, prête à bouillir. Il y aura de la passion mais aussi du sang, fidèlement à un duel entre frères ennemis, comme en ce jour de Supercopa 1995, quand Edmundo, « l’animal » alors au Flamengo, avait été frappé dans le dos et ainsi couché à terre par un Zandona devenu furieux après une arrogante pichenette. Sans cette ferveur décuplée, ces à-côtés, Maradona n’a pas les moyens pour battre la Seleção. Il n’a que cette triste clef.



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