 Miami Heat 2010/2011 |
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posté par MC Jean Gab1 : | LeBron James ou l'échec de l'arrogance
mar 14 juin 15:23
A mi-chemin entre Maurice Pialat recevant sa Palme d'or au Festival de Cannes et Eric Cantona nous donnant une leçon de pêche (souvenez-vous des mouettes...), les premiers mots de LeBron James après la finale ont été pour ceux qui ne l'aiment pas. Il n'a pas fait de bras d'honneur mais le ton était là.
« Demain matin, ceux qui voulaient que j'échoue vont devoir se lever, leur vie n'aura pas changé, et ils auront toujours leurs problèmes personnels. Pour ma part, je ne changerai rien à ma façon de vivre, et je continuerai à faire ce que j'ai toujours fait. »
Il a tout de même ajouté :
« Ce qui m'ennuie, c'est de ne pas avoir pu aider mes coéquipiers à gagner. C'est un échec personnel. »
Au-delà de la défaite en elle-même (il n'y a pas de honte à perdre en finale NBA...), c'est la méthode et la manière qui sont des échecs personnels. Un échec collectif aussi.
S'il y avait un front anti-Miami cette année, c'est parce que Pat Riley a donné le sentiment d'arnaquer tout le monde. Lorsque Chris Bosh et LeBron James décident de rejoindre Dwyane Wade en juillet dernier, on apprend qu'ils voulaient jouer ensemble depuis 2006. Ils sont amis dans la vie, et veulent poursuivre leur carrière ensemble. C'est louable.
Sauf que la méthode a déplu. Pourquoi ne pas le dire plus tôt ? Pourquoi faire croire aux Cavs qu'on va rester ? Pourquoi donner l'impression qu'il s'agissait d'un coup monté ? Pourquoi se payer une émission de télé pour humilier des milliers de fans ?
Puis ensuite, pourquoi annoncer qu'on va gagner une demi-douzaine de titres ? Pourquoi organiser une gigantesque fête pour ce qui reste finalement que des transferts d'un club à un autre ?
Tout cela a un nom : l'arrogance.
Il y a une dizaine de jours, je trouvais pourtant LeBron transformé. Sobre dans son jeu et dans ses propos. Vraiment, dans les conférences de presse, il était très précis dans ses réponses. Il zigzaguait entre les pièges des journalistes avec maestria.
On n'était pas loin de l'état de grâce. Ce moment où le sportif est au sommet de son Art, en paix avec lui-même et son jeu.
Et puis, tout s'est écroulé. Pour moi, le moment charnière, c'est ce 3-points de Dwyane Wade dans le Game 2 de la finale. Un 3-points qui donnait 15 points d'avance au Heat à 7 minutes de la fin. A 2-0, la finale était peut-être pliée.
Wade se pose devant le banc de Dallas. Il le toise. Puis LeBron s'approche, et lui boxe le torse. Tout cela devant le banc des Mavs. Mais au lieu d'abattre Dallas, cette célébration trop hâtive a eu l'effet de les réveiller.
« Leur réaction nous a rendus furieux » expliquera Tyson Chandler.
La suite ? Le Heat disparaît complètement, et perd ce match. Il gagnera la troisième manche à Dallas, mais le ressort est cassé, car LeBron James n'est déjà plus le même. Ou plutôt, il est redevenu celui qu'il était. Le masque tombe.
Une scène symbole ? Lorsque Dwyane Wade et lui se moquent devant les caméras de Dirk Nowitzki grippé. Comme deux collégiens qui se moquent d'un camarade. Ils gloussent.
« On savait que les journalistes allaient en faire tout un truc » diront-ils pour se défendre.
Manquer de respect à Dirk Nowitzki, si ce n'est pas de l'arrogance, c'est quoi ?
Et lorsqu'un journaliste demande à LeBron James pourquoi on ne le voit plus dans les derniers quart-temps, il répond :
« Je vous conseille de revoir le match, et vous me poserez une question plus intelligente. »
Une réponse cinglante sauf que... LeBron a effectivement disparu dans tous les derniers quart-temps de cette finale.
Il y a un chiffre qui justement est revenu souvent. Le nombre de points inscrits dans le dernier quart-temps.
Dirk Nowitzki : 62 points en 6 matches. LeBron James : 17 points. Le différentiel est énorme. Dwyane Wade s'en tire mieux avec 45 points. En clair, un Nowitzki vaut Wade + LeBron.
Une autre stat qui fait mal. La fameuse colonne (+/-) qui permet de juger le rendement d'une équipe lorsque tel ou tel joueur est sur le terrain. Dans le Game 6, LeBron James a fait -24 ! Cela ne lui était pas arrivé depuis 2008 !
Lorsqu'il a été sur le banc (pendant 8 minutes), Miami a dominé Dallas (21 à 14). Sur l'ensemble de la finale, Miami a été plus efficace lorsque LeBron était sur le banc...
Que s'est-il passé ? Pourquoi LeBron a failli ?
Simplement, je crois qu'il n'est pas prêt mentalement. Il a joué petit bras comme on dit au tennis. C'est aussi simple que ça. Lorsqu'il joue libéré, comme face à Chicago, il est injouable, sans doute le meilleur joueur du monde.
Mais lorsqu'on approche du « money time », dans une finale NBA, il devient hésitant, observateur, et donc passif. Comme un junior au milieu de pros.
C'est l'inverse d'un Nowitzki, capable de faire 1 sur 12 aux tirs mais de continuer à prendre les tirs dans le money time. LeBron, lui, préfère arrêter de shooter...
Les héros du sport sont des personnes qui ont provoqué les choses, pris des risques, connu l'échec, mais pour mieux rebondir. Michael Jordan a connu l'échec. Kobe Bryant aussi. Dirk Nowitzki aussi. Et ils ont appris de ces échecs. Ils sont revenus plus forts.
Avec LeBron James, on a le sentiment qu'il ne parvient pas à avancer. Il y a un blocage. En fait, à l'heure où certains cherchaient à le comparer à Michael Jordan, j'en suis à me demander si LeBron James n'est pas tout simplement le meilleur joueur de saison régulière de tous les temps. Une version moderne de Wilt Chamberlain. Il va exploser tous les records de précocité. C'est une évidence. Mais au final, il reste un homme de records, pas de titres.
Si aujourd'hui, Chamberlain n'est pas l'égal d'un Kareem Abdul-Jabbar ou d'un Michael Jordan, c'est parce que c'est en playoffs que se construisent les légendes.
Aujourd'hui, on reproche à LeBron d'avoir disparu dans le 4ème quart-temps de chaque match de la finale NBA.
Une finale NBA, ce n'est rien de moins que le quatrième quart-temps de toute une saison. Pour certains de toute une carrière.
auclert |
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